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DOSSIER - Exportations : Le palmarès des régions - Les réservées

TOURAINE Le sauvignon et Vouvray en pôle position

Marine Balue - La vigne - n°249 - janvier 2013 - page 50

Les sauvignons de Touraine et les vouvrays pèsent 80 % des volumes exportés par la région. Les rouges, quant à eux, ne s'expatrient encore qu'en petites quantités. Les vinificateurs travaillent à atténuer leurs notes végétales.
CHIFFRES CLÉS AOC DE TOURAINE

CHIFFRES CLÉS AOC DE TOURAINE

La Touraine a beau exporter ses vins dans plus de cent pays, seuls 15 % de ses volumes sont commercialisés à l'international. Et dans certaines appellations, ce chiffre est bien supérieur. À Vouvray, plus d'une bouteille sur deux est vendue à l'étranger, surtout aux États-Unis, son marché historique. Les caves particulières, même petites, y sont très exportatrices. « En plus de tailler leurs vignes ou de produire leur vin, nombre de vignerons trouvent le temps d'aller voir leurs clients à l'étranger deux ou trois fois par an. C'est très caractéristique de l'appellation, remarque Guillaume Lapaque, directeur de la Fédération des associations viticoles d'Indre-et-Loire et de la Sarthe. D'ailleurs, les restaurateurs ou les cavistes apprécient de pouvoir serrer la main de ceux dont ils vendent les vins. »

L'Angleterre est friande de sauvignon

Le domaine Champalou, qui exporte à 70 %, en est un bon exemple. Depuis les années quatre-vingt, ses propriétaires vendent leurs vouvrays aux marchés anglo-saxons et partent plusieurs fois par an aux États-Unis et en Angleterre. « Nous y allons si nos clients réclament notre présence auprès des distributeurs et parce que c'est important de garder le contact », relate Catherine Champalou.

La cave des producteurs de Vouvray, membre du groupe Alliance Loire, est aussi bien placée à l'export avec ses fines bulles. « La cuvée Excellence brut marche très bien dans les marchés scandinave, allemand, belge, australien ou japonais », précise Henry Castillon du Perron, directeur export d'Alliance Loire. Les vins tranquilles sont plus délicats à exporter. Mais, avec son vouvray « off dry » (intermédiaire entre sec et demisec), la coopérative a trouvé un équilibre sucres/acides qui convient bien aux consommateurs étrangers.

L'export ne se résume bien sûr pas à Vouvray : le touraine blanc a lui aussi le vent en poupe. Grâce à l'engouement pour le sauvignon, le cépage majoritaire, cette appellation a vu ses ventes à l'export multipliées par 4,5 en dix ans ! Aujourd'hui, environ un tiers de la production est exporté. Il représente également près de la moitié des exportations de vins de la région (47 %).

Négoces et coopératives en commercialisent d'importants volumes, souvent à la grande distribution anglaise. « 99,5 % de nos ventes à l'étranger sont des blancs et des rosés. 15 % du chiffre d'affaires s'effectue en Angleterre, où nos vins sont plutôt vendus en grande distribution, illustre Louis Chainier, responsable commercial de la Maison Chainier, producteur et négociant de Touraine. Nos blancs plaisent aux consommateurs, surtout les sauvignons. » Alliance Loire met aussi en valeur ses touraines et ses haut-poitou blancs, à base de sauvignon. Le groupe a beaucoup travaillé ce cépage pour l'adapter à l'export et n'hésite pas à avoir recours à la capsule à vis.

Côté rouges, les choses sont en revanche plus poussives. Touraine rouge, bourgueil et saint-nicolas-de-bourgueil ne représentent chacun pas plus de 5 % des volumes exportés de la région. C'est que les vins de cabernet franc ne sont pas toujours adaptés à la demande internationale. Néanmoins, les producteurs font beaucoup d'efforts pour les rendre plus attrayants. « Nos vinificateurs réussissent à atténuer les notes végétales et à accentuer les notes de fruits rouges et la rondeur grâce à des techniques comme la thermovinification ou la micro-oxygénation, rapporte Henry Castillon du Perron. Nous misons pas mal sur l'Asie, qui consomme plus de rouges que de blancs. »

ProWein détrône la London Wine Fair

Chinon est peut-être l'appellation de rouge qui s'en sort le mieux. « Nous avons toujours eu une belle image à l'export, confirme Christophe Surget, directeur export du domaine Couly-Dutheil, à Chinon (Indre-et-Loire), dont les exportations apportent 17 à 20 % du chiffre d'affaires. Les trois terroirs de l'appellation donnent des vins fruités et souples, des vins plus structurés ou des vins de garde. La gamme s'adapte donc aussi bien au marché asiatique, qu'européen ou nord-américain. » Les vins de Chinon restent des produits de niche, qui se positionnent essentiellement chez les restaurateurs et les cavistes.

Pour entretenir leurs ventes à l'export, les Tourangeaux n'hésitent pas à voyager à l'étranger pour des missions de prospection. Ils participent aussi à des salons, comme celui des vins de Loire, Vinexpo ou encore ProWein. Ce dernier a définitivement détrôné la London Wine Fair.

Au-dessus des chiffres encourageants, une inquiétude plane : après la petite récolte de 2012, jusqu'où les prix vont-ils pouvoir monter sans risquer de perdre certains marchés extérieurs ?

Le Point de vue de

Arnaud Herivault, vigneron à Reugny (Indre-et-Loire). 65 % des ventes en bouteille en l'export.

« Mes vins ont beaucoup plu, ils ont un goût universel »

Arnaud Herivault, vigneron à Reugny (Indre-et-Loire). 65 % des ventes en bouteille en l'export. © P. MONTIGNY REPORTAGE

Arnaud Herivault, vigneron à Reugny (Indre-et-Loire). 65 % des ventes en bouteille en l'export. © P. MONTIGNY REPORTAGE

«Je vends en Russie depuis 2009. Lors d'un voyage là-bas pour une exposition de vins de Loire organisée par la région Centre, j'ai rencontré le responsable des achats de la chaîne de grands magasins haut de gamme Enoteka. Depuis, ses 55 magasins à Moscou et Saint-Pétersbourg distribuent mes vins.

Début décembre, je me suis rendu à Moscou pour une opération de promotion des effervescents qu'ils distribuent. Ils organisaient une grande soirée dans leur plus gros magasin de vins situé sur l'artère la plus chère de la ville. L'événement a attiré plus de 250 clients importants ! J'y ai retrouvé une interprète avec qui je suis en contact. Même si je parle quelques mots de russe et que je me débrouille avec l'anglais, c'est mieux d'avoir quelqu'un qui parle couramment russe pour pouvoir approfondir la discussion avec les consommateurs. Lors de cette opération, j'ai présenté tous les vins que je distribue là-bas, à savoir toute ma gamme : des vouvrays tranquilles et effervescents et du touraine rosé mousseux. Ils ont beaucoup plu, parce qu'ils ont un goût universel.

Avec les différents niveaux de sucres, du sec au moelleux, les vins tranquilles ou effervescents, tout le monde s'y retrouve. Et il y a toujours une possibilité de marier un de mes vins avec un plat. Or, les Russes aiment la bonne cuisine, ils sont un peu comme les Français. Pour entretenir mes ventes sur le marché russe, je me rends sur place une à deux fois par an. Je n'exclus pas de travailler aussi avec la restauration ou les cavistes, si je trouve des clients. Car, même si les démarches administratives sont lourdes, ce marché a un fort potentiel. »

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