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Touraine : un pari sur les unions d'entreprises

La vigne - n°172 - janvier 2006 - page 0

Les coopératives de la région se regroupent, parfois avec des négociants, pour constituer des équipes commerciales plus étoffées. Alliance Loire, l'un de ces groupements, a permis à la Cave des vins de Bourgueil de redresser la barre.

'Avec la distillation de crise et l'arrachage, on se place uniquement sur le terrain défensif , expliquait Pierre Rayer, délégué régional de l'Onivins du Val de Loire, lors de la dernière assemblée générale de la Fédération des associations viticoles du Loir-et-Cher. Il faudrait que les syndicats d'appellation et l'interprofession définissent un plan d'action, comme dans le Muscadet. ' Force est de constater que la Touraine cherche encore les solutions à la crise. Pourtant, les sorties de chai d'AOC Touraine rouge et blanc ont perdu, durant 2004-2005, 15 % . Même les rouges de Chinon et de Saint-Nicolas-de-Bourgueil ont vu leurs ventes diminuer, respectivement de 4,4 et 6,5 %.
Ces baisses et celles des cours mettent en péril des exploitations. Mise en place, cet été, par la Fédération viticole du Loir-et-Cher, la cellule de crise compte les premières victimes. Elle a suivi vingt-cinq vignerons sur les cinq cents du département. Quatorze devront s'orienter vers une liquidation judiciaire ou une cessation d'activité.

' Si la consommation baisse en France, elle augmente dans le monde entier. Il faut exporter ', plaide Pierre Chainier, président d'InterLoire. L'interprofession a renforcé son service à l'exportation afin d'augmenter ses ventes de 43 % d'ici à 2010, pour parvenir à 350 000 hl (Anjou et Touraine). Mais les résultats ne seront pas immédiats. Les producteurs de Touraine savent aussi que cet essor se fera sur les rosés et les blancs : des négociants avouent qu'ils ne proposent même plus le touraine gamay à l'exportation, jugé inadapté... Pas sûr non plus que Saint-Nicolas-de-Bourgueil, dont 96 % des vins se vendent en France, intéresse les marchés étrangers.
La seule action concrète pour sortir de la crise, c'est la réorganisation des opérateurs. Sept caves coopératives du Val de Loire, dont quatre de Touraine, ont créé Alliance Loire il y a quatre ans. Ses ventes sont en hausse régulière. Alliance Loire aligne une équipe commerciale de neuf personnes chargées de maintenir les ventes en France et de développer l'exportation.

Au bord du gouffre il y a deux ans, forcée de demander aux apporteurs de renoncer au paiement d'une demi-récolte, la Cave des vins de Bourgueil estime que son appartenance à Alliance Loire a permis son redressement. Alliance Loire s'est également investie dans la réflexion sur l'adéquation des produits au marché. ' Sans tabou, on travaille sur l'assemblage des cépages, la cryo-extraction, l'édulcoration des VDP rouges, les malos pour les blancs... , explique Nicolas Emereau, oenologue. Et depuis deux ans, nous soumettons nos vins à des consommateurs dans quatre villes. '
De son côté, Loire Propriétés fédère les Caves de la Loire, basées à Brissac-Quincé en Anjou et déjà présentes en Touraine, la Coopérative de Oisly-Thésée et le négociant d'Amboise Pierre Chainier, tous deux tourangeaux. Là encore, l'union a permis de constituer une équipe commerciale de huit personnes. Et la Coopérative de Oisly-Thésée, qui a perdu des apporteurs ces cinq dernières années et affichait un résultat négatif, espère trouver un nouveau souffle.
A la veille des vendanges 2005, trois petites coopératives (Bléré en Indre-et-Loire, Saint-Georges-sur-Cher et Saint-Romain en Loir-et-Cher) ont aussi entrepris un rapprochement pour vendre ensemble la production de 640 ha.
Et qu'adviendra-t-il des vignerons indépendants qui vinifient 79 % des vins de Touraine ? L'exportation est forcément difficile pour eux, dont les exploitations dépassent rarement 20 ha. Reste la solution des GIE (groupement d'intérêt économique). En mai 2003, six vignerons de Touraine, Touraine-Mesland, Cheverny, Sancerre et Vouvray ont créé le GIE Reflets de Loire. Deux ans après, ils ne sont plus que cinq et Christelle Charbonnier, responsable commerciale, ne cache pas les difficultés. ' Nos résultats sont timides. Reflets de Loire a pour but de développer les ventes, aux professionnels français et à l'exportation, de vignerons ayant déjà des marchés de vente directe. Mais il faut des fonds et beaucoup de prospection. On s'est donné trois ans pour réussir . '

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