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Roussillon, l'an I de la nouvelle interprofession

La vigne - n°128 - janvier 2002 - page 0

En 2001, le rendement moyen, pénalisé par la sécheresse, s'est établi à 46 hl/ha, tous vins confondus. Estimée à 1,358 Mhl, la récolte devrait diminuer de 17 % par rapport à 2000, qui se situait dans la normale. ' Avec d'excellentes maturités phénoliques et des degrés élevés, le millésime se rapproche en qualité de 1998, qui reste une référence ', souligne Marc Guichet, de la chambre d'agriculture des Pyrénées- Orientales. Pour mettre pleinement en valeur ce millésime, il faudrait l'élever, mais les caves ne possèdent pas toujours des chais adaptés. ' Pour progresser, nous devons accroître nos capacités d'élevage, c'est l'une des priorités du plan d'adaptation de la filière élaborée en 2001 ', affirme Jean Roger, le président du syndicat des vignerons du Roussillon.
Autre priorité, la restructuration des caves coopératives. L'observatoire économique créé en 2000 a mis en évidence la disparité des rémunérations versées aux producteurs, qui varient du simple au double d'une cave à l'autre. Entre celles qui ont su progresser en qualité tout en investissant dans le commercial, et celles qui n'ont pas changé leurs façons de travailler, le fossé se creuse. ' Au-delà des économies d'échelle, les rapprochements entre les caves favorisent l'émergence de nouvelles dynamiques, une fois que les gens ont accepté l'idée de travailler ensemble. Pour accompagner ce mouvement, nous avons embauché quatre techniciens en 2001, et quatre autres arriveront début 2002 ', explique Serge Guillet, le directeur de la fédération des caves coopératives.
Mais la priorité reste le développement des structures de commercialisation. Les caves qui ont un réseau de vente en bouteilles s'en sortent bien, celles qui vendent en vrac ont plus de difficultés. ' Nous avons besoin de sortir de notre département pour nouer des partenariats avec de nouveaux opérateurs. Si nous voulons maintenir notre potentiel de production, c'est la seule solution. Les vins produits sans avoir de marché tirent les prix vers le bas ', constate un professionnel.

Le plan Rivesaltes a contribué à rapprocher les acteurs de la filière, mouvement poursuivi en 2001. L'appellation Maury a rejoint le CIVR (Conseil interprofessionnel des vins du Roussillon), créé fin 2000 pour réunir les vins tranquilles et les vins doux naturels sous une seule bannière. Les syndicats et la nouvelle interprofession ont investi 1,5 Meuros (10 MF) dans une Maison des vins et des vignerons, dotée d'une salle de dégustation digne de ce nom et d'une vinothèque pour conserver les échantillons dans de bonnes conditions.
Après avoir constitué un budget de démarrage, le CIVR a pu commencer à travailler au deuxième semestre. En local, l'accent a été mis sur l'amélioration de la connaissance des produits, le développement du tourisme vigneron et la participation aux événements culturels. ' Nous avons fait découvrir au public le rivesaltes ambré durant les Estivales, et nous avons obtenu des retours très positifs ', précise Gérard Sanson, le directeur de l'interprofession.
Au niveau national, un guide merchandising destiné à promouvoir un balisage Languedoc-Roussillon dans les rayons des GMS a été élaboré en partenariat avec le CIVL (Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc). Il devrait être disponible début 2002. A l'export, les vins doux naturels ont fait leurs premiers pas et ont été bien accueillis.

Le plan Rivesaltes a permis de réajuster les volumes offerts, mais il reste à mettre en oeuvre le volet commercial et promotionnel. La chute semble enrayée, les volumes vendus se sont stabilisés aux alentours de 110 000 hl pour le rivesaltes et de 130 000 hl pour le grand-roussillon. Mais avec un rendement de 25 hl/ha et des cours du vrac à 137,20 et 106,71 euros/hl (900 et 700 F), la rentabilité reste réduite. En revanche, le muscat-de-rivesaltes a continué à progresser en volume et en valeur, avec 163 000 hl vendus à un cours moyen de 230 euros/hl (1 515 F). Le banyuls et le collioure, bien positionnés en haut de gamme, ont aussi continué leur progression.
Les côtes-du-roussillon se sont maintenus en volume mais ont légèrement reculé en valeur, avec des cours moyens à 86,29 euros/hl. La hiérarchisation a bien fonctionné et les côtes-du-roussillon villages ont maintenu leurs prix. La création d'une nouvelle appellation de second niveau, les côtes du Roussillon Les Aspres, est actuellement à l'étude.
D'après les enquêtes de l'Inao et du syndicat des vignerons, compte tenu des surfaces reconverties dans le cadre du plan Rivesaltes, les volumes revendiqués pour les côtes du Roussillon devraient progresser de 100 000 hl. Les syndicats de crus ont demandé à leurs adhérents de se responsabiliser et de conquérir des parts de marché. La production de vins de table et vins de pays a atteint 859 000 hl en 2000-2001. ' La moitié des volumes est vendue en direct. C'est un point positif qui a permis aux caves d'amortir partiellement la chute du vrac. Mais globalement, les difficultés des vins de table et vins de pays ont pesé sur les trésoreries ', souligne Jean Roger.
En un an, les contrats d'achats ont baissé de 26 %, et les cours sont passés de 4,04 à 3,34 euros/°hl (26,38 à 21,91 F) pour les VDT rouges, et de 54,27 à 50,31 euros/hl (356 à 330 F) pour les VDP rouges. ' Ces volumes ne sont pas élaborés pour un marché, mais se forment par défaut. Pour consolider notre filière avec un troisième pilier, nous avons besoin de structurer l'offre des VDP. Ce sera l'un des chantiers de 2002. '


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