ImprimerLe groupe vigne du Columa (1) a présenté les résultats de six années d'études destinées à trouver des solutions pour réduire les apports d'herbicides de prélevée.
'Compte tenu des problèmes environnementaux qu'ils posent, l'avenir des herbicides de prélevée n'est pas clair et la gamme disponible risque de continuer à diminuer fortement. Il faut donc, dès maintenant, adopter des pratiques restrictives et trouver des alternatives satisfaisantes ', rappelle une technicienne. Le groupe vigne du Columa s'attache donc, depuis plusieurs années, à trouver des stratégies permettant de réduire l'utilisation des herbicides de prélevée.
En 1996, deux programmes d'études ont été lancés en Champagne, en Bourgogne, en Beaujolais et en Alsace avec, comme objectif, ' de valider le principe de l'alternance de techniques de désherbage, reposant sur la prélevée à dose pleine ou à demi-dose et l'enherbement naturel maîtrisé (ENM), et de vérifier si dans ce cadre, il est possible de faciliter la mise en oeuvre de l'ENM '. L'ENM, qui repose exclusivement sur l'utilisation d'herbicides de postlevée, présente en effet deux inconvénients. D'une part, le nombre d'applications annuelles peut s'élever à trois, voire même à quatre. D'autre part, on peut observer une augmentation progressive du potentiel d'infestation après quelques années. Une stratégie mixte repose sur l'utilisation d'une dose réduite d'un herbicide de prélevée, en programme avec un produit de postlevée ; elle permet de réduire le nombre de passages par rapport à l'ENM.
Le premier programme d'étude propose une gestion pluriannuelle du désherbage en alternant, selon les années, des programmes à base d'herbicides de prélevée utilisés seuls, des programmes mixtes et l'ENM. Huit modalités sont testées sur six ans. Dans la première, un prélevée est appliqué chaque année. D'autres étudient l'alternance prélevée-ENM, ou prélevée-programme mixte, ou prélevée-programme mixte-ENM. Une dernière modalité est menée entièrement en ENM. Selon les cas, la quantité cumulée d'herbicides de prélevée utilisés sur six ans varie de 100 à 0 %.
L'objectif du second programme est d'optimiser l'ENM. Il s'agit donc d'évaluer la possibilité de réduire le nombre d'applications annuelles en pratiquant une alternance avec des herbicides de prélevée. Cinq modalités sont testées sur six ans : ENM tous les ans, alternance de l'ENM avec un herbicide de prélevée une année sur deux ou trois, stratégie mixte tous les ans ou alternée une année sur deux avec l'ENM. Dans les deux études, l'efficacité du programme est évaluée en estimant visuellement le pourcentage de recouvrement total du sol par les mauvaises herbes et celui des différentes adventices présentes.
Dans le premier programme, ' la modalité 1 d'alternance pluriannuelle d'herbicides de prélevée à dose homologuée donne, chaque année, le meilleur résultat ', constatent les expérimentateurs. Inversement, la modalité en ENM tous les ans est la plus enherbée, mais le résultat final reste satisfaisant. De plus, le nombre de passages se maintient dans le temps, et même diminue. La stratégie mixte donne des résultats intermédiaires entre les modalités tout ENM ou tout herbicide de prélevée, évoquées ci-dessus. Par ailleurs, on constate que les stratégies limitant les herbicide de prélevée favorisent la mise en place d'un enherbement hivernal, ce qui présente un intérêt, notamment en terme d'érosion. L'essai indique que ' les substances actives d'herbicides de prélevée appliquées seules apportent satisfaction si elles sont choisies en fonction de la flore. L'alternance pluriannuelle des substances actives permet de gérer les inversions de flore '.
Le second programme montre ' qu'un programme ENM, succédant à un programme à base de produits de prélevée, sera confronté à un potentiel de salissement d'autant moins élevé que les herbicides utilisés auront correctement contrôlé les adventices dans le passé '. En revanche, il apparaît que l'alternance ENM-herbicides de prélevée ne permet pas de réduire le nombre de passages en ENM. Des essais seraient toutefois à refaire avec les nouveaux herbicides de prélevée, plus performants que les anciens.
' La règle qui doit prévaloir aujourd'hui est d'alterner les techniques et les produits de désherbage dans l'espace et dans le temps. Cela évite d'avoir de trop fortes concentrations d'une même matière active sur un bassin versant et limite donc les risques de pollution, tout en gardant les parcelles propres. Il faut aussi prendre en compte, lors du choix d'une technique, les contraintes de temps puisque l'ENM peut obliger à passer trois fois en saison, contre une fois avec un prélevée ', conclut un technicien.
(1) Columa : Conférence sur la lutte contre les mauvaises herbes.