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archiveXML - 2002

Les vins non agréés ou épinglés au SAQ sont dans la ligne de mire

La vigne - n°131 - avril 2002 - page 0

Les organisations professionnelles des appellations s'intéressent aux vins dont elles ne sont pas fières. Face à la concurrence, il leur faut éviter les ombres au tableau...

'Vous faites un article sur les vins défectueux ? Mais ce n'est pas nous qu'il faut appeler ! ' La boutade en dit long sur l'état d'esprit qui a longtemps régné dans le monde des vins. Au royaume des appellations d'origine contrôlée, point de place pour l'imperfection... Le suivi en aval de la qualité (SAQ), dont la date butoir de mise en place était fixée au 1 er janvier 2000, et la réforme de l'agrément ont mis à jour les problèmes et permis d'en mesurer l'ampleur. Aujourd'hui, l'angélisme n'est plus de mise... mais ce n'est pas encore l'heure de la transparence. Les pourcentages de recalés à l'agrément ou de vins notés D (comme défectueux) au SAQ sont, au mieux, communiqués du bout des lèvres pour les premiers, au pire, classés ' secret défense des AOC ' pour les seconds. L'Inao (Institut national des appellations d'origine) explique qu'il est difficile d'avoir des chiffres nationaux car la base statistique est ' très hétérogène '. Certains centres régionaux communiquent les ajournés au premier passage, d'autres les recalés définitifs... Il y en a qui se réfèrent au nombre de vins présentés, d'autres aux déclarations de récolte... Bref, il faudrait prendre le temps de faire une analyse approfondie. Et visiblement, ce n'est pas dans les priorités de l'Institut. On est donc forcé de s'en tenir au pifomètre : la moyenne nationale oscillerait entre 1 et 2 % de vins présentés et finalement non agréés. Ce taux très bas cacherait des différences d'un vignoble à l'autre. On entend dire de 10 à 15 % de refusés du côté d'Angers, contre 1 à 2 % en Avignon. Quant aux chiffres du suivi en aval de la qualité, c'est l'omerta. La loi du silence est, paraît-il, inscrite en lettres d'or dans les accords interprofessionnels !

On veut bien laver son linge sale mais... en famille. Pas question de donner les noms des opérateurs indélicats... sauf à l'administration des fraudes. Celle-ci centralise l'ensemble des résultats du suivi en aval de la qualité. Pour la première année, au moins deux entreprises de négoce sont dans le collimateur de la Direction générale. C'est bien la preuve que la profession peut se désolidariser de ses mauvais élèves récalcitrants. Là aussi, il s'agit d'une évolution importante des mentalités.
Parce que l'appellation est une propriété collective, ses opérateurs ont toujours travaillé sur des principes de cogestion et d'interdépendance. C'est encore le cas aujourd'hui, comme le montrent les démarches d'aides techniques proposées aux vignerons par les syndicats ou les interprofessions.
Lorsque la profession décide de progresser, elle le fait en rangs serrés. La règle s'applique d'ailleurs à l'ensemble du secteur viticole. ' Nous avons un rôle social à jouer ', déclare tel président. ' Nous ferons tout pour éviter de laisser des vignerons sur le bord de la route ', annonce tel autre. Certains vont jusqu'à prévoir un fonds de soutien destiné aux recalés... Une chose est sûre : le secteur viticole se trouve à un tournant. Ceux qui n'ont pas pu - ou su ! - progresser dans les années fastes qui viennent de s'écouler vont devoir mettre les bouchées doubles... ou se réorienter.










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