Le vin de Bernard Angle a été refusé à l'agrément. Désabusé, il déplore le manque d'information pour aider les recalés à trouver des solutions.
A la tête d'une petite entreprise d'édition à Rodez (Aveyron), Bernard Angle possède une passion : le vin. En 1994, il achète une exploitation, dans laquelle il a investi depuis près de ' 0,15 million d'euros (1 MF), sans compter le foncier '. Aujourd'hui, il possède 2,5 ha, dont la moitié est située en zone d'appellation Marcillac. Il a embauché à temps plein un jeune ouvrier agricole, lui-même propriétaire de quelques vignes. Les décisions sont prises en commun par les deux hommes. Si nécessaire, notre double actif prend également conseil auprès d'un ' ami viticulteur dans le Bordelais '.
Bernard Angle fait parti des habitués de l'ajournement. Il reconnaît être ' recalé avec raison ' car son vin ' n'est pas au carré '. ' J'aimerais avoir les conseils d'un oenologue, explique-t-il. Seulement, il n'y a pas de laboratoire privé à proximité. J'ai demandé au président du syndicat s'il ne serait pas possible d'embaucher un technicien, quitte à ce que les adhérents paient ses services proportionnellement aux volumes produits. On m'a fait comprendre que cette décision ne passerait pas... ', raconte-t-il, désabusé. Confronté une nouvelle fois à un ajournement, l'exploitant pense finalement se tourner vers un laboratoire à Cahors (Lot) ou à Gaillac (Tarn).
Outre le manque d'assistance technique, notre homme déplore la ' rétention d'informations ' à laquelle il s'est trouvé confronté lorsqu'il a voulu vendre son vin non agréé. ' Au départ, on m'a expliqué que je n'avais d'autre choix que d'amener mon vin à la distillerie. Puis, j'ai appris que je pouvais le conserver, dès lors que je m'engageais à le réserver à mon auto-consommation ', explique-t-il. Ce qu'il a fait l'an passé.
Mais il y a quelque temps, il apprend incidemment ' par des amis vignerons installés en Aquitaine ', que le refus d'agrément n'interdit pas de vendre sa production en vin de table. Il obtient alors la confirmation de cette possibilité par les services locaux. Désormais, il compte privilégier cette solution.
Ce sentiment de devoir toujours ' tirer les vers du nez des responsables locaux pour obtenir telle ou telle information ' laisse penser à Bernard Angle que ces derniers ne cherchent pas à lui faciliter la tâche. Derrière l'amertume, on sent poindre un doute sur l'impartialité des décisions le concernant, notamment celle du jury d'agrément. ' Je m'interroge sur l'anonymat de la dégustation , raconte-t-il. J'ai été ajourné et je le mérite car mon vin n'est pas parfait. Mais je ne comprends pas pourquoi d'autres vins, pas meilleurs que le mien, obtiennent l'agrément ', répète-t-il. Son témoignage pose la question de la subjectivité de la dégustation.