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Maîtriser la vigueur de la vigne plutôt que vendanger en vert

La vigne - n°132 - mai 2002 - page 0

Une gestion fine des rendements doit s'appuyer sur la maîtrise de la vigueur plutôt que d'apporter des mesures correctives. Toutes les régions viticoles ont travaillé sur ce sujet.

La maîtrise des rendements vise à atteindre une production qui respecte à la fois les critères de rentabilité économique de l'exploitation et la meilleure expression possible du cépage sur un terroir donné, ces deux objectifs n'étant pas nécessairement opposés. Raisonner son rendement suppose néanmoins une prise de risque calculée et des efforts d'observation... Il existe plusieurs paramètres à prendre en compte, le principal étant de limiter la vigueur de la vigne par une fumure appropriée. ' La fuite des nitrates dans les nappes et le problème de la pourriture grise ont sensibilisé les vignerons à mieux raisonner leur fumure , témoigne Christophe Schneider, de l'Inra de Colmar. Ils ont compris que les besoins en azote de la vigne sont faibles et que 60 u/ha sont largement suffisants. '
En complément d'une fumure réfléchie, l'enherbement peut être une pratique efficace pour limiter la vigueur, mais il n'est pas adapté à toutes les parcelles. Le raisonnement de la taille figure logiquement parmi les éléments importants de la maîtrise des rendements. Si le vigneron fait le choix de limiter le nombre d'yeux, il est nécessaire de diminuer parallèlement les amendements, sous peine d'aller à l'encontre de l'objectif qualitatif recherché. Et contrairement aux idées reçues, une taille trop courte n'est pas recommandée car la vigne fera alors débourrer des bourgeons habituellement dormants.

Après la taille, l'ébourgeonnage est une pratique culturale particulièrement intéressante. L'objectif est d'éliminer les pousses inutiles sur les charpentes ou sur les pieds. Il est aussi possible de réaliser un ébourgeonnage fructifère, opération qui consiste à supprimer des jeunes pousses à fruits pour limiter les rendements. Le CIVC (Comité interprofessionnel du vin de Champagne) a calculé que cette opération nécessitait entre 50 et 60 heures de travail par hectare, temps qui sera récupéré lors du relevage, du palissage, de la vendange et enfin de la taille de l'année suivante. Bref, une opération blanche d'un point de vue financier, avec des incidences positives sur le plan qualitatif. Après la floraison, la hauteur du rognage est un élément à prendre en compte pour les vignes palissées. ' La richesse en sucre et en polyphénols augmente avec la hauteur du rognage, rappelle Christophe Schneider. Par confort de travail, on a toujours tendance à rogner trop bas. '
Si l'estimation de récolte laisse présager un rendement excessif, il est alors possible d'opérer une vendange en vert en faisant tomber des grappes pour permettre aux autres d'atteindre un niveau de maturité satisfaisant. Très prisée des médias s'adressant aux amateurs de vin, cette mesure est loin de faire l'unanimité auprès des techniciens. ' La vendange en vert est perçue à tort comme une pratique culturale, alors que c'est une mesure corrective ', analyse Olivier Jacquet, technicien à la chambre d'agriculture du Vaucluse. Elle favoriserait en effet une vigueur plus importante lors de la prochaine campagne. Autre point négatif de la vendange en vert, elle coûte cher - 100 heures/ha selon le CIVC - et intervient à un moment de l'année où la main-d'oeuvre se fait rare. Elle reste toutefois très efficace en cas de rendement prévisionnel trop élevé.
Pour s'approprier en douceur ces différentes pratiques, les techniciens conseillent aux vignerons de les tester sur quelques parcelles dans un premier temps afin de limiter les risques. L'an dernier, dans le Bordelais, certains vignerons ont effectué une vendange en vert drastique pour atteindre au plus près 55 hl/ha, et ils ont eu la mauvaise surprise de ne récolter que 45 hl/ha...

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