Pour faire de la place dans les chais avant les vendanges, le Beaujolais finalise un plan de retrait de près de 100 000 hl, pour un coût global de 6,85 millions d'euros.
Avec la vendange 2002 qui s'annonce, que faire des 100 000 à 120 000 hl qui pèsent sur le marché des beaujolais ? ' En ce début d'été, il reste 200 000 hl de beaujolais dans les chais et 30 000 à 40 000 hl de beaujolais-villages , précise Louis Pelletier, directeur de l'UVB (Union viticole des beaujolais). Pour les crus, la situation varie selon les appellations. '
Depuis fin mai, l'UIVB (interprofession), l'UVB et l'UMVBM (négoce) réfléchissent à un plan d'urgence, visant à écarter un volume qui permettrait d'assainir le marché tout en limitant les pertes des vignerons. Les professionnels du Beaujolais se sont tournés vers le ministère de l'Agriculture pour solliciter une aide. L'idée de recourir à une distillation aidée, à l'instar de ce qui se pratique pour les vins de table, a vite été écartée face à la réaction négative des autres AOC, très attachées à leur tradition d'autonomie vis-à-vis des aides de l'Etat. Cette attitude a été diversement appréciée dans le Beaujolais. ' Par respect pour les producteurs du sud de la France, nous n'avons pas déclassé nos beaujolais en vins de table , explique Maurice Large, président de l'interprofession. Mais nous sommes sûrement à la veille de voir d'autres AOC nous rejoindre dans cette démarche de retrait... '
A l'heure où nous publions ces lignes, la réponse du ministère se fait encore attendre. L'aide de l'Etat pourrait toutefois atteindre les 1,1 à 1,2 Meuros, soit 15 à 20 % du montant global de ce plan estimé à 6,85 Meuros. L'UIVB devrait dégager une enveloppe de 3,35 Meuros, provenant des surplus de l'opération Beaujolais 2000 et de la cotisation spéciale (0,91 euros/hl), prélevée dans le but d'aider les recalés à l'agrément. Les éventuels débouchés commerciaux (distillerie, vinaigrerie) que pourraient trouver les professionnels viendront compléter le plan de financement. L'UIVB envisage également de réaliser un emprunt.
Ce plan de retrait est facultatif. La profession profite de l'agrément des 5 hl/ha de réserve qualitative pour prélever un échantillon des vins du millésime 2001 déjà agréés, qui seront notés en catégorie A, B ou C. ' Le retrait des vins est une démarche volontaire et non plafonnée , précise Louis Pelletier. Notre souhait est de retirer les moins qualitatifs, d'où cette nouvelle dégustation des vins agréés. ' Les vignerons devraient percevoir 68 à 70 euros/hl de beaujolais retiré, et 92 euros/hl pour les villages, ' ce qui couvre la moitié des coûts de production ', estime Maurice Large. Le cours du beaujolais atteint actuellement 155 euros/hl, celui du beaujolais-villages 168 euros/hl.
Le Beaujolais n'en est pas à sa première opération de retrait. En mai 1997, l'interprofession avait retiré du marché 55 000 hl de beaujolais pour enrayer la chute des cours. L'opération, baptisée Beaujolais 2000, s'était soldée par un succès et les 55 000 hl avaient été remis sur le marché à l'automne 1997, avec des cours plus élevés. Cette année, la démarche est plus radicale avec l'élimination pure et simple de 7 % de la récolte, soit l'équivalent de 13 millions de bouteilles. Les sérieuses difficultés financières de 10 % des 3 600 exploitations beaujolaises l'exigeaient.
Cette mesure de retrait s'accompagne du gel des nouvelles plantations, mais aussi d'une baisse des rendements : 58 hl/ha pour les beaujolais, contre 64 hl en 2001, et 57 hl/ha pour les beaujolais-villages, contre 60 hl précédemment. Quelques crus pourraient également revoir leurs rendements à la baisse.
En marge de ce plan, le ministère devrait octroyer une aide de 100 000 euros à la MSA du Rhône, dans le cadre du dossier Agridif, réservée aux agriculteurs en difficulté. Cette enveloppe a deux vocations : prendre en charge une partie des cotisations sociales et financer les pénalités en cas de paiement différé.