'Le vin donne des forces à la classe ouvrière ; il est presque aussi indispensable que le pain et la viande à l'exercice de certaines professions.
Le pain et la viande sont sous la surveillance spéciale de l'administration ; le vin échappe à tout contrôle dans l'intérêt des populations. Il en résulte que les classes laborieuses n'ont qu'une boisson sans énergie ou une boisson malsaine. Si le gouvernement ne peut réglementer la question des salaires, il doit s'occuper, autant qu'il dépend de lui, de la moralisation et du bien-être des classes les plus nécessiteuses de la société ; il doit empêcher le triomphe de la cupidité qui s'attaque à la santé et à la bourse du pauvre.
Le commerce des vins dans le département de la Seine est donc aujourd'hui livré à la plus déplorable anarchie et à une démoralisation toujours croissante ; le seul moyen d'en arrêter les effets et de prévenir la falsification en grand qui se développe d'une manière effroyable, c'est le rétablissement d'agents intermédiaires régulièrement institués et offrant des garanties réelles, puisque seuls ils peuvent assurer aux transactions une sanction qui les mette à l'abri de toute contestation, et qu'ils sont personnellement responsables de la sincérité des marchandises.
Tous les intérêts réclament cette organisation ; le syndic et les adjoints du commerce de vins en gros à Paris, les organes du commerce de détail, les courtiers-gourmets de l'entrepôt, les délégués du commerce de Bercy n'ont cessé de solliciter, depuis plusieurs années, l'institution de courtiers spéciaux pour les boissons, dans le département de la Seine, et dont le nombre fut en rapport avec les nécessités du commerce. '