Tout le monde s'accorde sur l'importance de la communication. Reste à savoir avec quel financement et sur quel sujet.
Lorsqu'ils abordent la communication, les experts de ' Cap 2010 ' avancent en terrain miné. En apparence, le sujet est très consensuel. Tout le monde s'accorde pour reconnaître l'insuffisance des investissements publicitaires et promotionnels. Chaque ' rapporteur ' y va de sa petite comparaison choc. Les uns citent Jacob's Creek qui ' investit sur sa marque 0,3 euro par col au Royaume-Uni, soit dix fois plus que la France '. Les autres mentionnent Ernst et Julio Gallo dont le budget promotion sur le même marché ' se serait élevé en 1999 à 3 millions d'euros, soit près de la moitié de la somme de l'ensemble de la filière française '. Là où les discours divergent, c'est sur le problème des fonds...
Pour mieux comprendre les enjeux actuels, il faut remonter dans le temps et relire le rapport de Jacques Berthomeau de juillet 2001. Dans sa dernière partie, le haut fonctionnaire opère un gros plan sur les cotisations volontaires obligatoires. Il avance l'idée d'une communication collective ' moderne ' pour que ' tous les vins de France restent la référence mondiale '. A défaut d'être très précis sur son contenu, l'auteur explique que cette communication pourrait être financée ' majoritairement par des crédits d'Etat ' mais avec ' l'acceptation d'une règle de participation commune pour l'ensemble des comités interprofessionnels '. On s'en doute, c'est cette dernière proposition qui fait monter la moutarde au nez des organisations concernées. Conscients de ' l'extrême sensibilité du sujet ', les membres du groupe de travail ' Cap 2010 ' ont préféré ' oublier ' l'idée initiale. Exit des ' fonds commun de promotion ' ! Aujourd'hui, il est juste question d'une table ronde réunissant ' l'ensemble des décideurs privés et publics ' afin de déterminer ' les voies et moyens d'une approche collective au service de la reconquête '. La périphrase est jolie, mais elle ne suffit pas à désamorcer la peur ' d'un détournement de fonds au détriment des interprofessions '.
Autre sujet de discorde : le thème de la communication. Sur ce point, trois courants s'affrontent. Le rapport du sénateur César plaide en faveur du maintien d'une communication générique sur les vins de France, à l'exportation. L'Espagne s'est récemment engagée dans cette voie en initiant une grande campagne en faveur des vins d'Espagne sur le marché britannique. L'Italie envisagerait de faire la même chose...
Au Comité national des interprofessions de vins d'appellation, on ne cache pas son opposition. ' Communiquer sur la notion de vin de France est une aberration. Le génie de notre pays est d'offrir des produits différents et on va mettre de l'argent pour dire au consommateur ' Buvez français, on est tous pareils !' ', ironise-t-on. Entre ces deux camps, les membres du groupe piloté par Jacques Berthomeau sont peu clairs... Les idées foisonnent. Les uns souhaitent une réhabilitation de l'image du vin, d'autres du vin de France, d'autres enfin de la France...