Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2002

Responsable syndical, ' je m'engage par fidélité envers mes prédécesseurs '

La vigne - n°137 - novembre 2002 - page 0

Vice-président du syndicat de l'AOC Arbois depuis juin, Pascal Clairet inscrit son engagement dans la voie tracée par ses prédécesseurs. Il juge qu'ils furent novateurs lorsqu'ils ont trouvé les moyens de sortir de la crise du phylloxéra ou créé l'appellation.

Dans le caveau de Pascal Clairet, situé au centre d'Arbois (Jura), le visiteur découvre des bouteilles, bien sûr, mais aussi quelques oeuvres d'art et des photographies présentant les différentes coupes géologiques des terroirs du domaine. Pascal Clairet aime mêler le vin à l'art et à la pédagogie, héritage de ses premiers métiers de conseiller et de formateur. ' Au début du siècle, les vignerons de notre région étaient novateurs. Ils rédigeaient des livres et réfléchissaient plus sur leur métier que maintenant. Après la crise du phylloxéra, ils auraient pu succomber à la tentation de replanter des cépages plus faciles, mais ne l'ont pas fait. En mai 1936, Arbois fut ainsi l'une des premières AOC françaises. C'est par fidélité envers mes prédécesseurs que j'ai eu envie de m'investir dans le syndicat d'appellation. '

Cette profession de foi, Pascal Clairet met de l'enthousiasme à l'appliquer. Son parcours atypique fait de lui un vigneron différent. Il n'est pas fils de viticulteur, ce qui a probablement développé son exigence. Le gain d'une légitimité auprès de ses confrères était à ce prix...
En parallèle de son poste de conseiller à la chambre d'agriculture du Jura, il achète ses premiers pieds de vigne (60 ares) en 1991, l'année du gel. En 1998, avec son épouse, il s'installe à temps plein sur son exploitation, qui compte alors 6,5 ha en Arbois. Cap sur la vente directe. Quatre samedis matin par an, ils organisent une visite commentée des vignes, clôturée par un casse-croûte au caveau pour quarante personnes. Tous les mardis soir d'été, ils accueillent des clients et des touristes à une soirée gourmande dans leur jardin.
Cette volonté d'animer les ventes et d'aller au contact des acheteurs s'applique également à son engagement syndical. ' Je suis administrateur à la société des vins d'Arbois (syndicat de défense de l'AOC) depuis quatre ans, et j'ai intégré le bureau en juin dernier , précise-t-il. J'aimerais organiser des événements promotionnels pour l'AOC. Par exemple, nous pourrions profiter de la fête du Biou - où l'on offre les prémices de la vendange à Dieu - début septembre pour faire goûter le nouveau millésime. J'aimerais aussi monter un festival de musique l'été, à l'image des Musicaves de Givry (Bourgogne). ' Parmi les autres projets promotionnels en gestation, figurent le fléchage des vignerons de l'AOC et l'édition d'une plaquette sur le vignoble d'Arbois. Les sujets viticoles l'intéressent aussi, tels le respect des plafonds de rendement ou le remembrement du vignoble. Il suit surtout ce dernier dossier, étant conseiller municipal depuis dix-huit mois. Il veut que le remembrement soit l'occasion d'aménager les coteaux pour lutter contre l'érosion.
L'émergence et l'aboutissement des idées neuves cohabitant parfois mal avec l'inertie des organisations professionnelles, comment Pascal Clairet vit-il son mandat syndical ? ' Il faut parfois plusieurs réunions pour convaincre et obtenir un vote majoritaire sur certaines décisions. Mais comme nous sommes dans une petite AOC, tout le monde se connaît et sait ce que chacun d'entre nous peut faire. Et puis, quand il y a un bon meneur, des décisions peuvent être prises en deux heures. J'ai une réunion syndicale tous les deux mois, à laquelle s'ajoutent des réunions extérieures. Avec le nouveau bureau élu en juin 2002, nous avons réparti le plus possible les responsabilités, car le président ne peut pas assister à toutes les réunions. Or, il y en a certaines qu'il ne faut pas louper si l'on souhaite être représenté auprès des diffé- rents organismes. ' Les réunions du bureau ont lieu de 18 à 20 h - ' j'ai horreur des réunions après 20 h 30 ' - où chacun veille à ne parler que des sujets syndicaux.

Comme de nombreux vignerons impliqués dans les instances professionnelles, Pascal Clairet constate que ce sont souvent les mêmes qui ont des responsabilités. ' J'aimerais faire en sorte de ne pas dégoûter les gens de bonne volonté. Dès que quelqu'un prend un peu la parole dans une réunion, on lui colle vite beaucoup de choses à faire. J'envisage d'organiser prochainement des Etats généraux de la viticulture dans le Jura, où l'on prendrait la décision d'aider les vignerons qui s'investissent le plus. Jusqu'à maintenant, ils étaient dédommagés pour le temps passé à l'extérieur. Il serait préférable de les remplacer, en mettant un vigneron dans leurs vignes pendant leur absence. Il faut professionnaliser nos responsables afin qu'ils puissent mieux gérer les dossiers. ' Un point de vue qu'il essaiera de faire partager à un échelon plus large au printemps 2002, en se présentant à la commission communication de l'interprofession...




Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :