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DOSSIER - Exportations : Le palmarès des régions - Les réservées

JURA De nouvelles ambitions

Martin Caillon - La vigne - n°249 - janvier 2013 - page 59

Centré sur la France, à l'image de ses deux principaux producteurs, le Jura souhaite maintenant développer ses exportations en séduisant les pays lointains avec son crémant et ses vins atypiques.
CHIFFRES CLÉS AOC DU JURA

CHIFFRES CLÉS AOC DU JURA

Un chinois buvant du vin jaune ! L'idée, invraisemblable il y a cinq ans, est devenue une réalité. Signe que les vins du Jura voyagent de mieux en mieux, les ventes à l'export ont progressé de 8 % en 2011. Et ce n'est sans doute qu'un début. « Nous espérons doubler nos ventes à l'export en trois ans », annonce Jean-François Dubant, directeur général délégué de la société Henri Maire, à Arbois.

Pour le plus gros producteur de vins du Jura, l'objectif paraît ambitieux. En fait, il est très raisonnable. Car ses exportations n'ont représenté que 2,35 % de son chiffre d'affaires l'an dernier. Sa voisine, la Fruitière vinicole d'Arbois, qui vinifie les 270 ha de vignes d'une centaine de coopérateurs, ne fait pas mieux. Elle exporte moins de 2 % de ses vins.

Pour ces deux opérateurs, qui commercialisent plus d'un quart des vins du Jura, doubler les ventes à l'export relève donc du possible.

L'essentiel des exportations des vins du Jura est réalisé par des exploitations moyennes ou grandes, peu nombreuses dans la région. Elles exportent en moyenne 7 % de leur production. Les producteurs bios, installés sur de plus petites surfaces, font souvent mieux que leurs confrères en conventionnel.

« Une palette de vins très large »

Pour investir de nouveaux marchés, l'idée de mutualiser les coûts s'impose. La Fruitière d'Arbois s'est associée à six autres coopératives des Vignerons d'en France pour se lancer à la conquête de l'Asie. De son côté, Henri Maire a choisi la structure commerciale du Val d'Orbieu, qui a déjà pignon sur rue en Chine.

À l'initiative du Conseil interprofessionnel des vins du Jura (CIVJ), des producteurs vont depuis quatre ans présenter leurs vins au Canada – à Québec, Montréal et Toronto – ainsi qu'à Chicago, aux États-Unis. « Vingt-sept domaines ont fait le déplacement cette année, du 14 au 21 avril précise Baudoin de Chassey, directeur du CIVJ. À cette occasion, les domaines qui n'exportaient pas ont pu se confronter aux marchés. En novembre, une délégation de huit producteurs s'est rendue pour la première fois en Chine, au salon international des vins et spiritueux de Pékin. La décision de renouveler l'opération l'an prochain dépendra du versement ou non des aides à la promotion de l'Union européenne. »

Développer l'exportation paraît d'autant plus vital pour les vins du Jura que les ventes en France ont baissé de 2 % sur la dernière campagne. « Les marchés européens traditionnels, Angleterre et Belgique, sont saturés, constate Christophe Botté, directeur de la Fruitière d'Arbois. Il faut maintenant convaincre les consommateurs ayant un meilleur pouvoir d'achat, Américains, Chinois ou Brésiliens, de boire nos vins. » Pour cela, les vins du Jura ne manquent pas d'atouts. « Nous offrons une palette très large de vins blancs, rouges, tranquilles, liquoreux et effervescents », commente Baudoin de Chassey. « Nos chardonnays, savagnins et vins de paille sont vraiment atypiques. Peut-être même un peu trop, nuance Olivier Gwiss, directeur commercial du négoce la Maison du vigneron, à Crançot. Faire apprécier un vin jaune, un poulsard ou un trousseau est parfois compliqué. À l'exception des crémants, nos vins s'adressent à des amateurs avertis. »

Les chiffres semblent lui donner raison. Plus d'une bouteille de vin du Jura exportée sur deux (53 %) est un crémant. À la Maison du vigneron, ce sont trois bouteilles sur quatre.

Le Point de vue de

Charles Dagand et Alice Bouvot, gérants du domaine de l'Octavin, à Arbois (Jura). 5 ha de vignes, 15 000 bouteilles par an, 85 % de ventes à l'export.

« Les Japonais n'ont pas d'œillères »

Charles Dagand et Alice Bouvot, gérants du domaine de l'Octavin, à Arbois (Jura). 5 ha de vignes, 15 000 bouteilles par an, 85 % de ventes à l'export. © R. HELLE/SINGATURES

Charles Dagand et Alice Bouvot, gérants du domaine de l'Octavin, à Arbois (Jura). 5 ha de vignes, 15 000 bouteilles par an, 85 % de ventes à l'export. © R. HELLE/SINGATURES

« Nous sommes rentrés du Japon fin novembre. C'était notre première mission export dans ce pays. Pendant cinq jours, avec une cinquantaine de vignerons du groupe Renaissance des appellations, nous avons promu nos vins cultivés en biodynamie. Depuis un an et demi, nous avons déjà un importateur sur place. Grâce à lui, nous avons rencontré près de deux cents clients professionnels, restaurateurs et cavistes, à Tokyo principalement. Lorsqu'ils dégustent, les Japonais, comme les Danois et les Suédois, n'ont pas d'a priori, pas d'œillères. Ils sont beaucoup plus ouverts que les Français à nos vins "nature", produits avec un minimum d'intrants et vinifiés sans apport de soufre. Cette année, nous leur avons expédié 3 000 bouteilles de trousseau, poulsard, chardonnay et savagnin, ainsi qu'un peu de vin effervescent. Nos exportations vers l'Amérique du Nord et l'Europe ont aussi beaucoup progressé depuis deux ans. Nous y sommes allés trois fois ces quatre dernières années. Si l'on veut fidéliser une clientèle, il est important d'aller à sa rencontre. »

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