Depuis quatre ans, Xavier Loquais est responsable de la maintenance du matériel du domaine de La Fruitière, dans le Muscadet. Il est aussi conducteur et par- ticipe au choix des investissements et à l'organisation du travail.
'J'ai le souci du matériel. Je fais toujours attention au bon fonctionnement de la mécanique ', tel est l'état d'esprit de Xavier Loquais, responsable de l'entretien et conducteur des machines au domaine de La Fruitière, à Château-Thébaud (Loire-Atlantique). Son rôle dans l'entreprise est de faire en sorte que les matériels fonctionnent correctement au moment où les autres ouvriers les empruntent. Xavier Loquais règle, par exemple, la direction des sorties d'air du pulvérisateur pneumatique. ' A vide, je sens avec les mains si le jet d'air est bien dirigé . '
Il effectue aussi des réparations lui-même. Au fur et à mesure que des pièces sont usées, il les change préventivement. ' Aujourd'hui, il y a une fuite d'huile dans le boîtier différentiel d'une roue d'un tracteur. En vérifiant les niveaux d'huile, j'ai considéré que ce matériel ne devrait pas être immobilisé d'ici à la fin des vendanges ', évalue-t-il. Il intervient également de façon curative.
' Au quotidien, pour l'entretien, c'est moi qui décide des interventions. ' Parfois, il modifie un matériel. ' Je trouve toujours une solution. J'ai effectué des modifications sur la machine à vendanger polyvalente, pour rendre plus faciles l'accrochage et le décrochage de la cellule de pulvérisation et de la tête de récolte ', souligne-t-il. Puis il avoue : ' Je fais parfois des erreurs... ' Malgré cela, il n'hésite pas à s'engager dans de grosses réparations. Il a déjà démonté et remonté un embrayage. Il a même remplacé une clavette cassée, des synchronisations usées et des pignons d'une boîte de vitesses. Il achète, de sa propre initiative, les pièces nécessaires aux réparations de routine ou aux remplacements. Quand il s'agit de pièces chères, il demande un accord à ses patrons.
Par ailleurs, il encadre ses collègues conducteurs. Il leur demande parfois de faire plus attention à leur vitesse d'avancement. Il est aussi responsable de la mise en veille des matériels. ' Je nettoie et graisse toutes les machines, pour qu'elles soient prêtes à redémarrer l'année suivante. ' Enfin, il se soucie de la sécurité, tout comme ses employeurs.
Xavier Loquais est sous la responsabilité de deux vignerons : Jean Douillard et Jean-Michel Boussonnière, cogérants du domaine qui couvre 50 ha. Le premier s'occupe de la production et de la vinification, le second de la commercialisation et de la gestion. Xavier Loquais participe avec eux aux choix des matériels. ' J'ai à la fois l'oeil du conducteur et celui du mécanicien réparateur. Je connais les problèmes rencontrés sur l'appareil à remplacer. Je suis d'ailleurs le plus exigeant sur le choix du pulvérisateur . ' Les vignerons lui demandent donc son avis au sujet de la technique et de l'organisation du travail. Il n'hésite pas à le donner, notamment lorsqu'il s'agit du pulvérisateur.
' A une cadence normale, il nous faut quatre journées pour couvrir les 50 ha, en traitant quatre rangs par passage. Cela me paraît trop long. Nous sommes en manque de matériel. Avec un peu plus de surfaces, nous rentabiliserions bien un second pulvérisateur , suggère Xavier Loquais. Autrement, il faudrait traiter sur six rangs. '
' J'ai une relation de confiance avec mes chefs. C'est une situation privilégiée ', admet-il. Et il la mérite : il a les compétences, l'expérience et le sens des responsabilités. Comme il a le sens de l'entreprise, il fait souvent le lien entre les chefs d'exploitation et les quatre ouvriers. ' Cela ne me plaisait pas d'attendre tous les matins, à 7 h 55, qu'on dise aux ouvriers quelles seraient leurs tâches de la journée ', avoue-t-il. Il s'est donc joint aux discussions de ses employeurs pour s'informer des décisions. Il peut ainsi connaître son programme dès la veille.
Xavier Loquais est autonome dans l'organisation de son travail. Il n'hésite pas à traiter jusqu'à 23 h. ' Une fois la machine réglée, autant terminer le traitement, plutôt que de devoir recommencer le lendemain . ' Ses journées peuvent durer jusqu'à treize heures. ' Si je sens que je m'endors au volant, après mon déjeuner par exemple, plutôt que de prendre le risque de détériorer le matériel, les vignes et de mettre ma vie en danger, je préfère tout arrêter et même faire une sieste. ' Et conformément à l'accord sur les 35 heures en vigueur dans l'entreprise, il récupère ses heures supplémentaires.
Bien que formé pour la conduite et l'entretien du matériel, Xavier Loquais se met aussi à d'autres tâches. En hiver, il s'attelle un mois à la taille. ' Cela me permet de faire une pause. ' Mais, globalement, il passe la plus grande partie de son temps à la maintenance des machines dans son atelier très bien conçu. ' Je préfère l'entretien des matériels à la conduite ', précise-t-il.