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Saisonnière, 'je contribue à la qualité des vins'

La vigne - n°137 - novembre 2002 - page 0

Depuis une dizaine d'années, Alda Fecha travaille comme saisonnière en Savoie. Elle enchaîne opérations en vert, vendanges, puis travaux en pépinière. Ce métier lui a permis de découvrir toute la culture de la vigne et lui donne la fierté de participer au succès de son employeur.

Le travail saisonnier peut paraître ingrat, mais il n'en est pas moins intéressant. Il faut dire que ces dernières années, dans un souci d'amélioration de la qualité, les tâches se sont diversifiées. Les vignerons sont de plus en plus demandeurs d'ouvriers ou d'ouvrières temporaires. Et même si ces derniers n'ont jamais mis les pieds dans une vigne, il leur suffit d'un peu de volonté pour apprendre rapidement les ficelles du métier. Alda Fecha en est le parfait exemple. Chaque année, elle intègre l'équipe de Michel Quénard, vigneron à Chignin (Savoie), pour effectuer les opérations en vert : ébourgeonnage, palissage, éclaircissage, suppression des entre-coeurs, puis les vendanges.
' Au départ, ce fut difficile. Je ne connaissais rien à la culture de la vigne et je ne maîtrisais pas les techniques. J'avais peur de casser les branches lors du palissage. Je ne savais pas quels rameaux supprimer au moment de l'ébourgeonnage, ni quelles grappes couper pour éclaircir. Après quelques explications et un peu de pratique, j'ai vite acquis le coup de main . ' Désormais, ces opérations et leur finalité n'ont plus de secret pour elle. C'est ainsi qu'elle expose tout l'intérêt de l'éclaircissage : ' Laisser cinq grappes par pied améliore le produit final. ' Il faut dire qu'il y a six ans, lorsque Michel Quénard a demandé pour la première fois à son équipe de faire de la vendange en vert, la plupart des ouvriers et des ouvrières l'ont regardé avec des yeux ronds. Il a dû faire un gros travail d'explications sur les tenants et les aboutissants de cette opération. Cela a porté ses fruits puisque, non sans une certaine modestie, Alda Fecha explique qu'elle participe au succès des vins de son employeur. ' Je me donne du mal, mais je suis fière de constater que les vins de Michel Quénard sont présents sur les tables d'un restaurant quatre étoiles à Aix-les-Bains . '
C'est dans cet esprit que chaque matin à 8 h, elle rejoint ses collègues, dont la plupart sont des femmes. Et même si l'équipe est cosmopolite, l'ambiance est toujours au beau fixe. Dans les rangs de vignes, les discussions vont bon train. Chacun y va de sa petite histoire et de sa petite anecdote. Les rires fusent. ' Souvent, je ne vois pas le temps passer et le contact permanent avec les autres me permet d'oublier les petits soucis de la vie quotidienne. Ce n'est pas en travaillant dans un bureau, que je pourrais y arriver. Au contraire ! Toutes mes amies, je les ai rencontrées sur mon lieu de travail. '

Avec les montagnes en arrière-plan, on pourrait penser que ce travail est une partie de plaisir. Mais il ne faut pas oublier qu'il faut être à pied d'oeuvre quel que soit le temps. L'été, il n'est pas rare qu'il fasse 35°C. Les pauses pour se désaltérer sont les bienvenues. Quand il pleut, même avec les bottes et le ciré, les travailleurs rentrent chez eux trempés jusqu'aux os. Le dos est mis à rude épreuve, car les ouvriers sont courbés du matin au soir. Certaines fois, cela se termine par un arrêt de travail et des séances de kinésithérapeute.
Pour compliquer les choses, les vignes sont en pente, comme souvent en Savoie. Il faut faire preuve d'adresse et d'endurance pour rester en équilibre en descendant les rangs recouverts de cailloux. C'est pourquoi, chacun travaille à son rythme. ' Il y a une grande solidarité au sein de l'équipe. On ne laisse personne sur la route et on l'aide à finir si il ou elle prend du retard. Nous ne sommes pas payés à la tâche, mais à l'heure. Cela évite que les débutants soient défavorisés et ce n'est pas pour autant que l'on en fait moins. Cela nous permet de travailler dans de meilleures conditions. '
L'hiver, Alda Fecha travaille dans une pépinière, chez Annie Bouvier, à Saint-Jean-de-la-Porte.

En novembre, elle arrache les plants, tâche très physique. Ceux-ci sont triés, paraffinés et vendus. Puis elle enchaîne en février avec le greffage, qui demande beaucoup d'agilité et de concentration. C'est pourquoi cette activité est réservée aux femmes qui, selon notre interlocutrice, sont plus minutieuses que les hommes. Là encore, l'ambiance est excellente. Mais pas question de se dissiper sous peine de se retrouver avec un doigt en moins, emporté par la machine à greffer. ' Il ne faut pas vouloir aller trop vite et être attentif à ce que l'on fait . ' Enfin, en mai, elle assure les plantations. ' C'est le plus dur : il fait chaud et je suis pliée en quatre du matin au soir . '
A raison de 8 h de labeur par jour, voire 8 h 30, plus quelques samedis au moment des plantations et des vendanges, Alda Fecha aime son travail. Il induit beaucoup de souplesse pour les congés. ' Je peux prendre des jours quand je le souhaite. C'est pratique lorsque l'on a des formalités administratives à effectuer ou un rendez-vous à prendre. L'été, je pars en vacances toujours à la même époque. Si je travaillais dans une usine, je ne pourrais pas le faire. De plus, j'ai la chance d'avoir des patrons très humains, attentifs à leurs employés. Il y a quelques années, j'ai travaillé pour quelqu'un qui criait du matin au soir. J'ai démissionné, car je ne le supportais plus. J'ai même envisagé de changer de profession. Travailler dans une bonne ambiance est important. ' Mais, comme elle le souligne, vu la dureté du travail, ' on ne reste pas saisonnier toute sa vie '.




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