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Technicien de prévention, ' je fais passer le message de la sécurité dans les vignobles '

La vigne - n°137 - novembre 2002 - page 0

Bruno Farthouat, technicien de prévention à la MSA de Charente, visite les chais pour aider les exploitants à améliorer leurs conditions de travail et réduire les risques d'accidents. Il fait appliquer la loi, en bonne intelligence.

Bruno Farthouat et Serge Renaud se serrent la main, un sourire sur le visage. Ensemble, ils font le tour du chai. Ils vérifient la prise de terre qui vient d'être installée derrière une cuve, s'attardent devant des tuyaux posés à même le sol, examinent les rambardes fixées sur les pressoirs et le conquêt... Le premier est technicien de prévention à la MSA de Charente, le second exploitant viticole à Boutiers, dans le même département. Les deux hommes se sont rencontrés lors de la conception du chai, il y a trois ans. Le vigneron a fait appel aux services de la MSA pour l'aider à prendre en compte, dès l'origine, les normes de sécurité.
A la suite d'échanges fructueux, plusieurs aménagements ont été conçus. Le pressoir et la fosse de réception des vendanges sont équipés de garde-corps et de cellules photoélectriques qui déclenchent, en cas de chute d'un corps, l'arrêt des machines. L'exploitant a poussé la sécurité plus loin que ne l'exige la loi : il a installé un arrêt coup de poing sur le tableau de commandes du pressoir pour le bloquer en cas d'incident.
Comme les protections mises en place allaient au-delà des exigences réglementaires, Bruno Farthouat l'a informé des aides auxquelles il avait droit.

' Ensemble, nous avons évalué les risques. Serge Renaud est parfaitement conscient des enjeux. Il sait qu'il y a des protections à mettre en place. Les choses se font petit à petit . ' Et lui, de son côté, sait prendre en compte la crise du cognac qui freine les investissements, a fortiori dans les mesures de sécurité. ' Face à nous, nous avons des gestionnaires. Nous ne faisons que conseiller. Ce sont eux qui décident, en fonction de leur propre sensibilité et de leurs disponibilités financières .'
Des visites comme celle-là, Bruno Farthouat en fait plusieurs fois par semaine, souvent à la demande des viticulteurs. Il a en charge tous les dossiers viticoles de la MSA de Charente. ' Je fais passer le message de la sécurité sur le terrain . '
Depuis que ces postes de techniciens de prévention ont été créés il y a vingt-cinq ans, le métier a évolué. Au départ, la MSA consacrait une bonne partie de son budget à l'achat d'équipements de protection, qu'elle prêtait aux exploitants et à leurs salariés. Aujourd'hui, elle préfère jouer l'information et la formation. ' Je rencontre beaucoup les jeunes installés, parce qu'ils sont plus réceptifs et susceptibles de réaménager des chais grâce aux aides jeunes agriculteurs. '
Si Bruno Farthouat met tout en oeuvre pour la prévention, il intervient aussi après les accidents du travail. C'est ce qui s'est passé chez Jean-Claude Tellier, viticulteur aux Métairies (Charente). Sa jambe a dû être amputée après avoir été avalée par la vis sans fin d'une fosse de réception de vendange, dans laquelle il était tombé. Dès sa convalescence, Bruno Farthouat et le service social de la MSA ont réfléchi avec lui à la manière de repenser l'exploitation pour qu'il puisse continuer à y travailler. Une aide financière a tout de suite été débloquée pour qu'un salarié puisse assurer son travail. Une grille de protection a été posée sur la fosse. Puis les postes de travail ont été revus les uns après les autres ' pour qu'il puisse travailler à peu près comme avant ', indique Bruno Farthouat.

Cela s'est traduit par l'installation d'un embrayage automatique sur le tracteur et d'un marchepied pour accéder à la cabine. Des rampes ont été montées sur les cuves avec un escalier à la place de l'échelle. D'autres aménagements ont été effectués pour accéder aux pressoirs et à la pompe sous le conquêt. Aujourd'hui, le viticulteur témoigne souvent, aux côtés du technicien, pour raconter son accident et faire en sorte qu'il ne se reproduise pas ailleurs.
Ce dernier visite parfois les entreprises viticoles avec un médecin du travail de la MSA. Ensemble, ils abordent les aspects de la sécurité et de la santé. ' Les médecins connaissent les salariés parce qu'ils les rencontrent annuellement. La relation est différente, les problèmes évoqués aussi . ' A l'inverse, il lui arrive, rarement il est vrai, d'intervenir à la demande des salariés eux-mêmes, par exemple quand les conditions de travail sont trop difficiles. Le conseil sur la sécurité va au-delà des seuls aménagements d'exploitation. Bruno Farthouat intervient sur l'utilisation des produits phytosanitaires, sur les risques qu'entraîne, pour le dos, un siège de tracteur en mauvais état, sur le port du gant pour la taille des vignes...
' Notre travail est de tenir les chefs d'exploitation informés de l'évolution de la législation . ' Bruno Farthouat cite l'exemple de la mise en conformité du matériel mobile, censée être effective le 5 décembre prochain. ' Comme le secteur est en crise, nous avons du mal à faire passer le message ', regrette-t-il. Pas question pour autant de pénaliser les exploitants, ni même de les dénoncer. ' Nous essayons plutôt de voir quelles sont les priorités, dans quel ordre les faire passer, en commençant par les matériels les plus dangereux... Nous informons, et nous tentons de faire avancer ceux que nous rencontrons. '



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