Cet automne, la Californie a récolté 3,2 millions de tonnes de raisins de très bonne qualité, mais le marché n'a pas encore absorbé les excès de l'année dernière.
Après le vent de panique qui a soufflé, l'année dernière, sur le monde de la vigne en Californie, les vendanges de cet automne ont apparemment ramené le calme. Le Californie Department of Food and Agriculture vient, en effet, d'annoncer une récolte totale de 3,2 millions de tonnes de raisin. C'est un peu moins que le record, annoncé au printemps, de plus de 3,3 millions de tonnes, mais plus que les 3 millions de l'année dernière, qui avaient pourtant provoqué une importante chute des cours. Ce chiffre reflète, en fait, l'arrivée à maturité de nombreuses vignes, et non le rendement observé dans chaque parcelle.
Les exploitants ont rapidement tiré les conclusions de l'excédent de production de l'année dernière, où des parcelles entières n'avaient pas été récoltées, faute d'acheteurs de raisin, et où des cuves entières étaient restées à demeure dans les caves. La mort dans l'âme - ils sont rémunérés au tonnage et les vendanges précoces sont coûteuses - les viticulteurs ont donc activement pratiqué des vendanges en vert jusqu'au mois de juillet. Leur seul espoir : pouvoir vendre à un meilleur prix des raisins de meilleure qualité. La qualité de la récolte 2002, visible dès le premier passage des blancs au pressoir et dès les premiers remontages des rouges, a sans doute suffi à les rassurer. De belles couleurs intenses, une bonne concentration d'arômes et une complexité déjà évidente sont le résultat de leurs bons soins, ainsi que des conditions climatiques particulièrement favorables. Le temps est resté très stable sur l'ensemble de la Californie, avec des températures inférieures à la moyenne jusqu'en septembre, où quelques vagues de chaleur ont permis de terminer en beauté une maturation parfaite où acidité et complexité se mêlent harmonieusement.
Exploitants agricoles et producteurs de vin sont donc satisfaits, d'autant plus que les ventes ne cessent d'augmenter dans les supermarchés américains. La production importante de cette année pourrait donc être absorbée. A condition, bien sûr, de faire de la place : de nombreuses bouteilles réapparaissent à des prix évidents de déstockage. Autre bémol à l'enthousiasme général : la concurrence étrangère se renforce, favorisée par un dollar fort, avec le marketing intelligent des Australiens et l'arrivée en masse des Italiens. Les experts américains s'inquiètent, tout particulièrement, de la pénétration importante de vins français. Selon eux, la France est enfin ' sortie de son engourdissement ' et, désormais, prête à affronter le marché du 21e siècle.