Le désherbage chimique reste la première méthode de contrôle des mauvaise herbes. Mais ces dix dernières années, il s'est recentré sur le rang, occasionnant une baisse des surfaces désherbées.
Si le désherbage chimique garde encore sa place, il n'en a pas moins subi quelques évolutions. Cette année, la surface d'herbicides déployée (1) se situerait entre 1 et 1,1 million d'hectares. Elle serait en légère baisse (- 9 % par rapport à 2001), vraisemblablement en raison d'une progression du désherbage sous le rang. Il faut dire que ces dix dernières années, il a gagné 1 à 2 % par an. Représentant environ 40 % en 1991, il est passé à 56 % pour l'année 2002. Il côtoie le travail du sol, l'enherbement semé ou naturel. Ce mixte de techniques rend la gestion du désherbage très complexe. ' Nous sommes arrivés à une multitude de situations différentes. Il n'y a plus de schémas standard, contrairement à il y a quelques années ', constatent les firmes. Emettre des statistiques sur les pratiques devient de plus en plus difficiles, d'autant qu'il existe de grandes variations selon les différentes régions.
Pour mieux appréhender ces évolutions, la société Belchim Crop Protection a réalisé une enquête en juin et juillet derniers. Il en est ressorti que la Champagne a toujours la palme du désherbage en plein, puisque 90 à 95 % de ses surfaces sont traitées de cette manière. Ensuite, viennent la Bourgogne et le Beaujolais avec 70 % de plein, le Val de Loire avec 50 %, alors que le Sud-Est, le Sud-Ouest et l'Alsace l'ont quasiment abandonné. Ces différences sont à mettre en parallèle avec le mode de conduite de la vigne et l'écartement des rangs. La progression du dés- herbage sous le rang est synonyme de casse-tête pour les firmes qui, du coup, ont du mal à évaluer le marché.
Selon la largeur de la bande non désherbée, des erreurs de calcul peuvent apparaître. Elles s'ajoutent à celles qui existaient déjà, du fait de la difficulté d'apprécier l'importance de traitement des mauvaises herbes en taches.
Voici quand même quelques tendances : actuellement, les produits foliaires tiennent le haut du pavé, avec près de 700 000 ha déployés, le glyphosate en tête (environ 60 % des foliaires). A noter un léger regain d'intérêt pour l'aminotriazole (ou amitrole, Maxata notamment), le glufosinate d'ammonium (Basta F1), le diquat et le paraquat (Gramoxone plus). Concernant la prélevée, les surfaces déployées seraient d'environ 400 000 ha. Ne nous voilons pas la face, la terbuthylazine et le diuron conservent leur place de leader sur ce marché : 62,5 % de la prélevée pour les produits à base de terbuthylazine et de terbuthylazine + diuron. Mais comme le dés- herbage se recentre sous le rang, certaines molécules, initialement réservées aux vignobles à forte valeur ajoutée, commencent à percer là où les vignerons surveillent leur porte-monnaie. Les doses étant divisées par trois, les programmes sont nettement plus abordables.
C'est le cas de la flumioxazine (Pledge, Donjon) et du flazasulfuron (Katana) qui ont progressé cette année. Le dichlobénil (Surfassol G) tend aussi à augmenter, d'autant que Syngenta travaille à la mise au point, en collaboration avec l'ITV, d'un prototype permettant l'application sous le rang. L'oryzalin (Surflan) est également très demandé dans le Sud pour une application sur le rang. Toutefois, ce sont des gouttes d'eau dans la mer, car les surfaces déployées par ces herbicides sont nettement moindres que celles de la terbuthylazine : 7,5 % pour la flumioxazine, 8,25 % pour le flazasulfuron, 1,5 % pour le dichlobénil et 4 % pour l'oryzalin. Quant à l'isoxaben (Cent 7), la napropamide (Devrinol FL) et l'oxyfluorfène (Goal 2e), ils représentent respectivement 2 %, 1,25 % et 0,25 %. Avec la disparition, en 2003, du norflurazon (Zorial), qui représente quand même 10,5 % de la prélevée, et éventuellement celle de la terbuthylazine, ce tableau va être bouleversé. Comment vont se redistribuer les cartes ? La question reste en suspens !