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archiveXML - 2003

Gascogne, une bouffée d'oxygène

La vigne - n°139 - janvier 2003 - page 0

Le marché de l'armagnac est, aujourd'hui, très étroit mais progresse en France et à l'export. Les vignerons se tournent vers les vins de pays qui ont eu le vent en poupe.

Francis Dèche, propriétaire du château Millet, situé à Eauze, et président du Comité régional Inao Armagnac, n'en revient pas : pour cette campagne 2001-2002, il a non seulement vendu toute sa récolte 2001 de vins de pays et de vins de table, mais aussi la moitié de la récolte 2000 qui lui restait sur les bras. ' Lors de la précédente campagne, nous avions des vins de qualité qui ne trouvaient pas preneur alors que, cette année, nous avons eu du mal à faire la charnière . '
Pierre Rande, président de l'Union cave et vignoble du Gers (1), qui a la particularité de vendre en vrac, fait le même constat. ' Le marché des vins de pays est en pleine expansion. Nos ventes progressent de 10 % par an depuis les années 90. Nous n'avons plus de stock et la soudure a été très difficile cette année. Il a fallu passer aux vins nouveaux dès le 10 octobre, alors que nous attendions décembre. Sur les VDP Côtes de Gascogne génériques, nous avons augmenté nos prix de 7,5 %, mais pas sur les VDP haut de gamme. '
Les chiffres avancés par le Syndicat des producteurs de VDP des Côtes de Gascogne sont encourageants. En 2001-2002, les volumes en vrac enregistrés sous contrat Onivins de VDP Côtes de Gascogne blanc ont connu une croissance de 17 % par rapport à la précédente campagne, avec un prix moyen en légère hausse (1,3 %). Le marché en bouteilles s'est également bien comporté : les volumes ont augmenté de 5 % avec des prix stables ou à la hausse. Côté VDP du Gers blanc, les volumes ont augmenté de 16 %. Ce phénomène a été associé à une légère augmentation du cours moyen (2,8 %). Le marché du vrac du VDP Côtes de Gascogne rouge, infime par rapport à celui du blanc, a baissé de 18 %. ' Cette différence s'explique par l'accroissement de la vente en bouteilles et par un opérateur qui a choisi de vendre en vrac ses VDP Comté de Tolosan, plutôt qu'en VDP Côtes de Gascogne rouge ', explique Alain Desprats, directeur du syndicat.

Du coup, les vignerons misent sur cette production. Le nombre d'agréments en VDP a ainsi progressé de 10 % pour la récolte 2001 et 949 ha ont été restructurés en 2002 (source : Union des associations pour la restructuration du vignoble gersois). ' Depuis quelques années, l'armagnac n'est plus la principale production du département. Ce sont les VDP qui prennent le pas ', constate Marie-Claude Rodriguez, chargée de marché à la délégation Onivins de Toulouse. ' Les producteurs favorisent leur trésorerie avec les VDP, mais l'armagnac reste un produit élitiste qui complète parfaitement la gamme ', remarque Philippe Gelas, négociant à Vic-Fezensac. ' Nous ne distillons que les quantités que nous sommes capables de vendre. Dans la région, 2 000 à 3 000 ha suffisent pour la production d'armagnac, alors que le potentiel est de 15 000 ha . Nous devons servir le marché des VDP, sinon les acheteurs iront voir ailleurs ', renchérit Francis Dèche.
Cette année, le phénomène sera d'autant plus accentué qu'il y a eu une diminution de récolte de 20 %. Les producteurs dont les vignes le permettent vont donc privilégier les VDP. ' En 2002, les volumes distillés seront plus faibles. On va vers une bonne adéquation des volumes distillés par rapport à la demande ', explique-t-on au Bureau national interprofessionel de l'armagnac. Son président, Jean-Paul Sempé, et son directeur, Sébastien Lacroix, sont encourageants. ' D'après nos derniers chiffres, les ventes d'armagnac ont progressé de 3 % en France et de 7 % à l'export, notamment en Grande-Bretagne, Allemagne ou Espagne, mais souffrent toujours au Japon et aux Etats-Unis. ' Les producteurs d'armagnac commencent à sortir du gouffre et des vendeurs de bouteilles tirent leur épingle du jeu. ' Ceux qui surfent sur la vague de l'authenticité retrouvent des couleurs ', dit Jérôme Delord, responsable commercial d'un négoce à Lannepax. Par contre, le marché du vrac reste pratiquement inexistant, les prix sont au plus bas et les stocks gonflés à bloc.

L'amélioration des ventes doit beaucoup au plan de relance de l'armagnac et aux campagnes de communication. Malheureusement, le plan arrive à terme. Le BNIA essaye de négocier pour qu'au moins, le budget communication soit maintenu. Il était de 850 000 euros en 2002. Le BNIA a également réalisé une étude marketing sur la blanche, une eau-de- vie jeune, et une enquête consommateurs sur l'armagnac. Trois catégories ont été mises en évidence : les armagnacs jeunes plutôt utilisés en cuisine, les vieux millésimes très haut de gamme offerts en cadeaux et, au centre, une gamme large, allant du VSOP au premier XO, consommée en cocktail, digestif, long drink... ' Aujourd'hui, le système est confus, et nous devons travailler à la segmentation de l'offre ', constate Sébastien Lacroix. L'armagnac s'apprête également à vivre une révolution avec la réforme du décret d'AOC, comprenant l'identification parcellaire, la mise en place d'un agrément analytique et organoleptique, la réhabilitation du cépage baco, et le passage de la blanche en AOC. Si tout va bien, ce nouveau décret pourrait arriver en 2003.

(1)La CVG regroupe la cave coopérative de Nogaro, celle des Vignerons du Gerland et celle des Vignerons de la Ténarèze.

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