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Pluie et gel gênent les travaux

La vigne - n°140 - février 2003 - page 0

Dans tous les vignobles, la taille est bien avancée. Seuls certains travaux mécaniques ont été perturbés. La prophylaxie contre les maladies du bois commence à rentrer dans les moeurs, mais le badigeonnage à l'Escudo reste très marginal.

L'année 2002 s'est terminée dans la douceur et l'humidité. ' Si cette situation a pu être plaisante pour les vacanciers de Noël, elle a donné quelques inquiétudes aux vignerons ', constate André de la Bretesche, à la chambre d'agriculture de Gironde. Dans ce département, comme à Sancerre, les pleurs avaient déjà fait leur apparition à la fin décembre, et la vigne semblait prête à démarrer. Dans l'Hérault et en Savoie, les vignes commençaient également ' à bouger '.
Cette relative douceur a permis aux tailleurs d'avancer normalement, voire de prendre de l'avance, comme ce fut le cas dans le Bergeracois. Par contre, les travaux mécaniques ont été perturbés. Dans le Jura, la pluie a empêché le prétaillage. En Saône-et-Loire, elle a gêné l'accès aux parcelles, rendant ainsi le broyage et l'apport d'engrais difficiles. En Côte-d'Or, les fenêtres climatiques favorables au passage des engins furent très rares. Dans le Vaucluse, les pluies régulières de décembre et de janvier ont engendré des retards dans l'arrachage des vignes mortes en vue de la complantation, dans la préparation des sols pour la plantation et des difficultés de prétaillage.

Dans le Gard, les vignerons avaient pris du retard dans les travaux avant les fêtes, car ils s'étaient focalisés sur la réparation des dégâts des inondations. Toutefois, pendant la deuxième quinzaine de décembre et en janvier, ils se sont rattrapés malgré la neige et les autres intempéries. ' Les vignerons ont certainement embauché plus de personnel et ont passé plus de temps à tailler ', suppose Jacques Oustric, du développement viticole du Gard. ' Par contre, la préparation des plantations a pris du retard. Ceux qui comptaient arracher et défoncer après les vendanges ont vu leurs projets largement compromis par la pluie et la neige. S'il n'y a pas de vent pour tout sécher, ce sera difficile ', poursuit-il.
Avec la nouvelle année, c'est le froid qui a subitement fait son apparition. Ainsi, la Champagne a subi des écarts de température de 30°C en deux jours. ' Nous sommes passés de + 15°C le 3 janvier à - 15°C le 5 janvier. Les vignerons ont alors cessé leur activité de taille ', rapporte Isabelle Thévenet, responsable du réseau Magister. Pendant la même période en Charente-Maritime, le thermomètre était tombé à - 8°C. En Savoie, le gel a permis aux vignerons d'assister aux réunions techniques.
Dans beaucoup de vignobles, cette arrivée du froid a été bénéfique. ' La baisse de température nous a rappelé qu'on était en hiver et a calmé la végétation ', poursuit André de la Bretesche, en Aquitaine.

' Cette période de froid a été intéressante, car elle a été assez longue. Elle est bénéfique à la structure du sol et a permis d'assainir le vignoble ', explique Jean-René Cambournac, de la chambre d'agriculture de l'Hérault. ' Les belles journées de froid sec sont défavorables aux maladies du bois ', constate Marie-Laure Mascia en Savoie. ' De plus, comme les vignerons n'ont pas pu tailler, ils ont eu le temps de déblayer les bois ', rajoute François Dal, de la Sicavac à Sancerre. Mais dans cette région, le froid a fait quelques dégâts. ' On a constaté des bourgeons gelés un peu partout, surtout dans les secteurs gélifs, sur les parcelles taillées ou pliées. Cela s'explique, car il a gelé à -10°C sur un sol humide, alors que la vigne pleurait. Pour l'évaluation des dégâts, on verra au débourrement. '
Dans le Muscadet, Nadège Brochard indique que ' les températures (- 9°C) ne sont pas descendues assez bas pour provoquer des broussins. Seules les jeunes vignes, dont la montée de sève était possible, sont surveillées. L'incidence du coup de froid se verra au débourrement '. Dans ce vignoble, beaucoup de vignerons ont investi dans des cabines de taille. ' Ils peuvent tailler par tous les temps et ne prennent pas de retard. C'est un plus pour leur confort ', constate Nadège Brochard. Cette vague de froid, lorsqu'elle a été assez longue, a permis aux vignerons de broyer des sarments et de réaliser d'autres travaux mécaniques sans abîmer les sols.
En Corse et dans l'Aude, les pluies ont rempli les réserves hydriques des sols. ' Depuis un mois, beaucoup d'eau est tombée. La terre est bien mouillée et cela favorise le développement d'un couvert hivernal. Les parcelles sont bien enherbées. Depuis plusieurs années que l'on traînait un déficit hydrique, cette fois, nous allons pouvoir aborder la prochaine campagne sereinement ', constate Cédric Lecareux, de la chambre d'agriculture de l'Aude. Actuellement, des vignerons commencent à lier, comme en Charentes ou dans le Bergeracois. En Champagne, ils réfléchissent déjà au désherbage pour les produits qui s'appliquent en prédébourrement.

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