L'été indien a retardé la chute des feuilles. Dans la plupart des régions, il a favorisé la mise en réserve et l'aoûtement. Les vignerons ont différé le démarrage des chantiers de taille.
Exceptionnelles, hors normes... Les superlatifs ne manquent pas pour qualifier les conditions climatiques du mois de novembre. Les températures relativement douces ont retardé la chute des feuilles. Ces dernières sont restées actives pendant longtemps et ont permis, dans la plupart des vignobles, une bonne mise en réserve et un bon aoûtement des bois. « Nous n'avons quasiment pas eu de gelées. Les feuilles sont tombées par sénescence. Mais il en reste encore sur une partie du vignoble », constatait début décembre Olivier Jacquet, du GDA viticole du Vaucluse. Dans l'Aude, quelques parcelles présentaient, elles aussi, un feuillage encore fonctionnel fin novembre. « Dans ces vignes, on se demande si on n'aura pas des problèmes de débourrement », indiquait Cédric Lecareux, de la chambre d'agriculture de l'Aude.
En Ardèche, la plupart des parcelles étaient défoliées début décembre, mais on trouvait parfois de la sève lorsque l'on coupait les sarments. Même constat à Sancerre. « Il y a des pleurs dans des parcelles déjà taillées. Je n'ai jamais vu ça », constatait François Dal, de la Sicavac.
Dans certaines zones, la mise en réserve et l'aoûtement ont été plus hétérogènes. C'est le cas dans le Jura, où des bois de poulsard, savagnin et chardonnay étaient encore verts. En Alsace, la fraîcheur et les pluies d'août et de septembre ont perturbé la mise en réserve du gewurztraminer et du pinot gris. Dans le Maine-et-Loire, c'est le stress hydrique du mois de juillet qui a nuit à l'aoûtement.
Côté travaux de saison, avec les conditions exceptionnelles, les vignerons ne se sont pas pressés pour démarrer la taille. Dans le Vaucluse, début décembre, elle commençait à peine. Le prétaillage était peu avancé, car la présence des feuilles gêne cette opération. En Savoie, elle a aussi été retardée. « Cela risque de poser un problème pour les exploitations qui ont beaucoup de surface », notait Marie-Laure Mascia, du Syndicat des vins de Savoie. Dans le Centre, à Sancerre, la taille démarrait doucement, car les conditions météo chaudes et humides étaient favorables à l'eutypiose. Dans la plupart des vignobles, les vignerons en ont donc profité pour arracher les ceps morts et faire des travaux d'entretien des sols. En Alsace, en Dordogne et dans le Bordelais, les conditions étaient idéales pour le décompactage.