ImprimerCet automne, les vignerons se sont attelés à la réfection du palissage, au remplacement des manquants, à la prophylaxie contre les maladies du bois. Dans certaines régions, du fait de la précocité de l'année, ils ont démarré la taille plus tôt. Les techniciens ont parfois dû les freiner.
Chat échaudé craint l'eau froide. En Champagne, seuls quelques irréductibles avaient démarré la taille en novembre. ' Le gel d'avril 2003 a calmé la vivacité des pratiques ', constatait Isabelle Thévenet, responsable du réseau de lutte raisonnée Magister. Certains sont revenus à la pratique de l'émondage, qui consiste d'abord à enlever les charpentes pour nettoyer les ceps, à garder les sarments nécessaires à la taille définitive, puis à les rabattre le plus tard possible. Mais la plupart se sont octroyés une trêve en novembre, d'autant qu'avec l'humidité, l'accès aux parcelles était moins bon. Ils ont préféré s'affairer en cave pour préparer les expéditions. Dans le Loir-et-Cher, la taille a commencé à la mi-novembre timidement, les vignerons ayant eux aussi la hantise des gelées de printemps. Ils ont préféré arracher les souches mortes, les remplacer ainsi que les manquants, réparer le palissage, travaux habituellement faits au printemps. Même constat en Sâone-et-Loire où, avant d'attaquer la taille, les vignerons ont fait des travaux d'entretien, des apports d'amendements et de fertilisants, pour ceux qui en avaient les moyens, et appliqué la prophylaxie contre les maladies du bois. Dans le Jura, on est directement entré dans le vif du sujet. On explique qu'il n'est pas évident que la taille précoce pose des problèmes car, en 2003, même des vignes taillées tardivement ont gelé.
D'autres régions ont démarré tôt, au grand dam de certains techniciens, comme dans le Centre. ' Il pleut régulièrement, des conditions idéales pour les maladies du bois. Des parcelles sont déjà taillées à blanc, les bois tirés, ce n'est pas normal. A cette allure, les vignerons finiront avec un mois et demi d'avance ', déplore Stéphane Bessart, de la Sicavac. En Savoie et en Muscadet, il a fallu freiner les ardeurs. ' Certains voulaient déjà prétailler fin septembre ', explique Nadège Brochard, de la chambre de Loire-Atlantique. Dans ce département, la taille a commencé début novembre. Les vignerons ont pris le temps de démarrer dans les parcelles atteintes par l'esca avec un sécateur à part. Dans le Jura et en Alsace, elle a débuté fin octobre. Frédéric Schwaerzler, de la chambre d'agriculture du Haut-Rhin, relate que cette année, le travail est facilité par le climat et le faible développement des vignes. ' Comme il y a eu moins d'entre-coeurs, le tirage des bois va plus vite. ' Dix jours d'avance dans le Gers, où la taille bat son plein. Légère avance aussi en Charente. Dans le Sud-Ouest, l'Aude et le Var, les chantiers évoluent normalement.
En Gironde aussi. Dans cette région, le plus délicat est de gérer les parcelles grêlées en juin, où les vignerons passent le double de temps. Dans le Vaucluse, les défoliations sur grenache ont été tardives. La taille commençait seulement au début du mois de décembre. Les pluies occasionnaient quelques difficultés d'accès dans certaines parcelles. Enfin, dans l'Hérault, les vignerons ont attendu la chute des feuilles pour démarrer vers le 10 novembre.