Le beaujolais dans le brouillard canadien

'Le Canada est notre sixième marché à l'export. C'est l'un de ceux qui a le plus progressé, ces dix dernières années ', explique Michel Deflache, de l'Union interprofessionnelle des vins du Beaujolais. Entre 1991 et 2001, les expéditions ont plus que doublé en volume, atteignant 40 352 hl. En valeur, le prix a progressé de 25 % pour atteindre une moyenne de 4,89 euros la bouteille. Sur les dix premiers mois 2002, les chiffres indiquent un recul de 9 % en volume et de 2 % en valeur.
Rien d'alarmant compte tenu de l'évolution ultérieure du marché, qui n'est pas encore chiffrée. Ce qui inquiète, c'est la rumeur d'un changement dans la politique commerciale de la Société des alcools du Québec (SAQ), le monopole d'Etat chargé de l'importation des vins dans la Province canadienne, grosse consommatrice de vins. L'objectif affiché par la Province est de réduire le nombre de références. ' Reste à savoir sur quels pays, voire sur quels prix ces contractions de l'offre risquent d'avoir lieu ', s'inquiète un opérateur. ' Comme tous les marchés de monopoles, nous sommes très dépendants des choix effectués par la SAQ ', explique Georges Duboeuf. Pour l'instant, cet opérateur a une douzaine de ses vins référencés au Québec dans le répertoire général. ' Nous savons qu'il y a une volonté de procéder par appel d'offre. Cela risque de désavantager les marques ', poursuit-il.
Pour le beaujolais, comme pour les autres vins d'AOC français, un changement de la politique commercial du Québec pourrait mettre un coup d'arrêt au développement des exportations vers le Québec, considéré jusqu'alors comme un marché à fort potentiel : en cinq ans, la consommation de vin avait progressé de 26,3 % pour atteindre 15,3 litres par habitant en 2001. Les importations québécoises représentent près de 40 % des importations canadiennes. Et, jusqu'à présent, le premier fournisseur de la province francophone a toujours été... la France.