Pour la deuxième année consécutive, le prix des vins de Bordeaux vendus en primeur accuse un recul de plus de 10 %.
Le millésime 2002, sorti en primeur des châteaux bordelais, fin avril, fait les frais d'une conjoncture économique et politique morose. Les prix accusent des baisses comprises, en moyenne, entre 10 et 15 %. Ce sont les vins les plus chers qui enregistrent les reculs les plus importants avec, par exemple, moins 30 % pour Château Margaux et Mouton-Rothschild. A l'inverse certains noms s'en sortent mieux comme Carbonnieux (- 5 % à 11,5 euros/la bouteille), Talbot (- 6 % à 15 euros) ou Chasse Spleen (- 9 % à 10,65 euros/la bouteille).
Les opérateurs reconnaissent que la qualité est au rendez-vous, mais la récession internationale jointe à la dépréciation des monnaies américaines, anglaises ou japonaises expliquent la prudence des acheteurs.
' La baisse du dollar implique qu'il faut consentir une diminution d'au moins 20 % pour être, face à un client américain, au même niveau de prix que l'an passé ', explique un négociant.
De plus, ce millésime est moins médiatique que les deux précédents, bien notés par Parker. Ce dernier ne s'est pas rendu à Bordeaux, cette année, en raison de la guerre en Irak. ' L'an passé, les ventes en primeurs avaient déjà enregistré un recul moyen d'environ 15 % ', note un courtier. ' Aujourd'hui, on se retrouve avec des niveaux de prix proches de ceux enregistrés sur les millésimes 1995-1996 ! ' ' C'est l'occasion pour les particuliers de faire des bonnes affaires ', confirme un opérateur.
L'analyse dans le détail des prix montre que le Médoc et les Graves s'en sortent mieux que les vins de Saint-Emilion et de Pomerol. ' Ceci s'explique par les caractéristiques intrinsèques du millésime ', note un acheteur. ' Les cabernet-sauvignon ont été de meilleure qualité que le merlot. ' Il est vrai aussi que ces dernières années, les châteaux de la rive droite avaient enregistré des hausses de prix assez importantes du fait d'une politique de restriction des volumes et d'un engouement provoqué par les bonnes notes du critique américain Parker.