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Règles des 85-15 % : les avis divergent

La vigne - n°147 - octobre 2003 - page 0


'Je n'étais pas au courant de cette règle. Il faut apprendre à s'en servir. Cette mesure est plus ou moins intéressante selon les appellations. Dans certaines zones, elle ne fait qu'entériner des pratiques déjà existantes, mais le seuil de 15 % est peut-être un peu excessif. Le règlement peut avoir de bonnes retombées s'il permet d'améliorer le millésime d'un point de vue oenologique. Il pourrait notamment être intéressant dans mon appellation, en Saumur-Champigny, au niveau des vins de presse de rouges. Ces derniers sont souvent plus longs à élever que le vin de l'année, et pourraient ainsi être réincorporés au millésime suivant. La mesure a donc un intérêt pratique. Mais cette règle est mauvaise si l'on veut respecter l'effet millésime, la spécificité de l'année : le fait de réincorporer 15 % d'autres millésimes gomme les spécificités de l'année. De plus, il ne faut pas que ce soit une tromperie vis-à-vis du consommateur. Il faudra prévoir des actions de communication vis-à-vis du grand public. '

'Cette mesure m'est totalement inconnue. Mais je trouve cela dommage. Depuis longtemps, quand on produit un vin d'appellation, cela correspond à créer un vin différent chaque année, un vin typique. Or, le règlement modifie cette tradition. Il me semble que c'est une marche arrière. Si quelqu'un veut mélanger plusieurs millésimes, il le peut. Tout le monde a la possibilité de le faire. Il suffit de ne pas mentionner de millésime sur l'étiquette du produit. Mais si l'on veut conserver l'authenticité du millésime, alors il faut que tous les raisins soient issus de la même année de récolte. '

'On juge mieux les choses une fois qu'elles sont en application. Le règlement européen va a priori permettre à certaines régions de mieux concurrencer le Nouveau Monde. Il va entraîner un certain libéralisme pour quelques marchés. Cependant, pour le Jura, cela ne va rien faciliter, car la région n'envisage pas de se mettre aux 85 %. La plupart des exploitations de l'appellation sont des petites structures, qui ont leur propre clientèle directe. Or, cette dernière recherche surtout la typicité et l'authenticité du millésime, qui ne peuvent être obtenues avec les 85 %. De plus, cette règle ne va-t-elle pas porter préjudice aux AOC, les discréditer et nuire à leur image ? Si certaines régions optent pour les 85 % et d'autres pour les 100 %, cela risque de créer une AOC à deux vitesses. Les AOC restées aux 100 % seraient les plus qualitatives. Tout cela risque d'augmenter la confusion du consommateur. '

'Ce règlement va permettre de bénéficier de l'effet millésime. Si une année a une bonne renommée et un bon écho médiatique, on pourra y mettre des queues d'autres millésimes. Ces derniers seront vendus au même prix que le bon millésime. Ce système n'aura pas une grosse influence sur les prix, mais il permettra de mieux valoriser des restes de moins bonne qualité. Cela répond à une attente du marché, et va atténuer l'effet millésime. D'un point de vue qualitatif, le règlement sera bénéfique si les assemblages sont intelligemment réalisés. Enfin, dans certaines AOC de la région, se trouve une réserve qualitative. Cette nouvelle mesure va dans le même sens : la réserve impose aux viticulteurs de conserver un pourcentage de leur récolte en chai. Ils ont ainsi plusieurs millésimes en cave. Si les viticulteurs peuvent mélanger les millésimes, ils pourront mieux utiliser la réserve. '

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