Noël Bougrier utilise pour la première fois la règle des 85/15 pour ' vider le millésime 2003 '. Son entreprise y a gagné en souplesse et en sécurité juridique.
Depuis le 1er août 2003, les vins de pays et les appellations bénéficient de la règle dite des 85/15. Elle permet d'indiquer sur l'étiquette, un millésime ou un cépage s'ils entrent au moins à 85 % dans la composition du vin. Noël Bougrier en avait entendu parler à l'Anivit, où il occupe des responsabilités. ' Elle me paraissait intéressante, mais je ne connaissais personne de la région qui se soit lancé ', dit ce négociant, installé à Saint-Georges-sur-Cher (Touraine).
Puis, au cours d'une réunion, il apprend qu'un de ses confrères du Val de Loire a franchi le pas. Aussitôt, il contacte la DGCCRF. Cette administration lui fait parvenir un document précisant le champ d'application de la règle et les enregistrements à tenir.
' En mai, nous décidons d'utiliser la règle des 85/15 pour mieux gérer nos millésimes. En effet, nous avons une vingtaine d'AOC différentes, sans compter les vins de pays. Le suivi des stocks s'en trouve bien compliqué. Désormais, lorsqu'il nous reste quelques hectolitres d'un millésime, nous les basculons sur le millésime suivant de façon légale. Cela nous a permis de vider le millésime 2003. Mais pas question de sacrifier la qualité du vin. Nous testons, avec l'oenologue, l'assemblage qui nous est dicté par des considérations pratiques. Nous le réalisons à partir d'échantillons. Nous le dégustons pour vérifier que la fraîcheur du vin reste intacte, malgré l'ajout du millésime plus ancien. '
Jusqu'à ce jour, Noël Bougrier a appliqué la règle des 85/15 uniquement pour faciliter la gestion des stocks. Il n'a pas communiqué sur ce sujet auprès de ses clients. Il ne s'en est pas servi pour assembler des cépages. S'il devait le faire, ce serait aussi pour simplifier la gestion des stocks. ' Cela évite de conserver un vin trop longtemps dans une cuve à chapeau flottant. En revanche, je pense que les grosses entreprises peuvent trouver dans cette règle un outil de compétitivité, en assemblant 15 % d'un cépage moins noble à 85 % d'un autre plus qualitatif. '
Depuis mai, de très faibles volumes ont été assemblés. ' Mais cela nous assure également une sécurité juridique appréciable. Avant, nous n'étions pas forcément capables de certifier que le vin était à 100 % du millésime ou du cépage indiqué. Nous dépendions des pratiques de nos fournisseurs. Or, certains marchés sont tatillons. Aujourd'hui, une traçabilité complète est exigée. Chaque opérateur doit spécifier s'il a pratiqué ou non un assemblage sur les documents d'accompagnement du vin en vrac. '
Question pratique, ' les enregistrements sont faits par la personne qui s'occupe de la régie. Cette règle apporte de la souplesse. Sur les prochains millésimes, nous l'emploierons peut-être jusqu'aux 15 %. '