ImprimerPositionné en début de ponte, l'insecticide Steward (granulés) se montre aussi efficace, sinon plus, que les meilleurs produits du marché contre l'eudémis et la première génération de cochylis. Il est également vendu sous la marque Explicit (suspension liquide).
DuPont de Nemours va mettre sur le marché, courant octobre, deux nouveaux insecticides, Steward et Explicit. Ces deux spécialités ne diffèrent que par leur formulation, respectivement granulés et suspension liquide. Elles sont élaborées à base d'une nouvelle molécule, l'indoxacarbe, découverte par les chercheurs de la firme. ' L'aspect novateur de cette molécule réside dans son mode d'action bio-activé , explique François Alin, chef de produit chez DuPont de Nemours. L'insecticide n'est actif qu'en présence d'une enzyme, rencontrée uniquement chez certaines espèces d'insectes. Son mode d'action est à la fois ovicide et larvicide. '
Ces produits sont homologués contre l'eudémis, la cochylis, la cicadelle verte et la pyrale. Explicit (150 g/l d'indoxacarbe) s'utilise à la dose de 0,25 l/ha et Steward (30 % d'indoxacarbe) à raison de 125 g/ha. Le prix de revient à l'hectare se situe aux alentours de 37 euros. La persistance d'action est de vingt-huit jours.
Des expérimentations préliminaires sur ces produits ont été menées de 1997 à 2000, par le service régional de Protection des végétaux d'Avignon, l'Institut technique de la vigne et du vin et le Conseil interprofessionnel des vins de Champagne. Aucune différence d'efficacité n'a été notée entre les deux formulations.
Jean-Claude Laurent, de l'ITV d'Orange, a coordonné des essais réalisés sur la deuxième génération d'eudémis dans différents vignobles français. Ses conclusions sont positives. ' Comparé à la référence Cascade, ce produit fait preuve d'une efficacité au moins identique, avec un positionnement en début de ponte. Des interventions plus tardives, au stade tête noire (juste avant éclosion), donnent des résultats inférieurs. Par ailleurs, les études de comportement sur la faune auxiliaire permettent de classer cette molécule de neutre à faiblement toxique. '
Pierre Speich, du SRPV d'Orange, conforte cet avis : ' Nos tests nous font préconiser ce produit sur l'eudémis, où il a démontré une efficacité souvent supérieure aux autres spécialités du marché. '
Par ailleurs, Marie-Laure Panon, chargée de la protection du vignoble au CIVC, a effectué quatre essais sur pyrale au cours de deux campagnes consécutives, en 1998 et 1999. ' Le produit s'est révélé très bon contre ce ravageur, équivalent à Confirm ', estime-t-elle. Positionné au stade chenille 8 mm, il a réduit les populations dans une proportion variable de 70 à 88 %.
Les différents essais de l'ITV, effectués sur cochylis en Provence, ont donné des résultats qualifiés de ' bons, identiques à ceux obtenus avec les références mises en oeuvre '. Le positionnement est jugé également optimum en début de ponte. Au SRPV d'Avignon, Pierre Speich tire la même conclusion : ' Sur cette tordeuse, nous avons relevé plus de variabilité, mais le résultat reste correct, comparable à un fénoxycarbe (Inségar). '
Philippe Kuntzman, de l'ITV de Colmar, apporte à la fois une précision et une réserve : ' Au terme de nos essais dans le vignoble alsacien, on peut préconiser ce produit en première génération, mais certainement pas en seconde où il a donné des résultats simplement équivalents, voire décevants, face aux produits classiques. ' En Champagne, Marie-Laure Panon partage cette opinion : ' Contre la seconde génération de cochylis, le produit s'avère notoirement insuffisant. En 1998, nous avons enregistré seulement 30 à 40 % d'efficacité en terme de réduction de population de chenilles, alors que contre la première génération, les résultats sont excellents avec 95 à 96 %. '
' L'efficacité de l'indoxacarbe sur la cicadelle verte est inférieure à celle d'un pyréthrinoïde : 80 à 85 %, contre 98 à 99 % ', constate Jean-Claude Laurent. Il estime toutefois que ce produit, comme tous les insecticides polyvalents, présente un intérêt pour lutter contre ce ravageur. ' La lutte contre la seconde génération de tordeuses entraîne une réduction notable des populations de cicadelles vertes, ce qui peut éviter, dans un bon nombre de parcelles, d'avoir à intervenir par la suite avec une application insecticide spécifique contre ce ravageur, la population de cicadelles demeurant à un niveau supportable et sans incidence sur la vigne. ' Un point de vue qui illustre la volonté de DuPont de Nemours de développer Steward et Explicit ' plutôt pour la lutte raisonnée '.