Pour gagner en notoriété, les vins d'Ardèche organisent Festivin, un salon haut de gamme. Tradition, amour du verbe et du vin s'y conjuguent dans un ancien séminaire.
Tapis rouge dans la cour de l'ancien séminaire de Viviers, petite ville du sud-est de l'Ardèche. Dans ces lieux se tient un salon des vins bien particulier. Le visiteur est accueilli par un tonnelier qui apprivoise la flamme pour cintrer ses douelles. Il est aussi reçu par les grilleurs de châtaignes, autres représentants de la tradition locale. Il pénètre dans l'élégant édifice du XVIII e siècle. Là, il découvre un parcours initiatique avec un jeu interactif, auquel il participe en répondant à des questions sur la vigne et le vin. Un comédien anime ce décor à l'éclairage créatif.
Dans les autres salles voûtées, une quarantaine de vignerons présentent les terroirs et les vins ardèchois. On peut déguster des mets traditionnels, par exemple la baguette ardéchoise, boulangée avec une farine contenant 5 % de châtaignes. De nombreux proverbes vignerons locaux et mots d'humoristes décorent le séminaire : ' Vigne taillée en février emplit de raisin le panier ', mais également ' Le vin est le meilleur ami de l'homme, et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là ! ' (Alphonse Allais).
A l'étage, une quinzaine d'auteurs locaux présentent leurs romans, poèmes et livres de cuisine. L'affiche de Festivin représente, en effet, une plume d'écrivain plongée dans un tonneau-encrier. Trois fois par jour, l'oenologue Alain Rosier (meilleur sommelier du monde en 1986) et le comédien Hal Collomb mettent en scène une dégustation, ponctuée d'intermèdes musicaux. ' Nous voulions un salon du vin avec autre chose que du vin. Et pas une foire au saucisson ! sourit André Mercier, président de la coopérative Uvica Vignerons ardéchois. Pour intéresser un public plus large que les Ardèchois, nous avons choisi la ville de Viviers, à 2 km du Rhône et 10 min de Montélimar. '
Le visiteur achète sans se préoccuper des cartons grâce au ' dépose-minute '. Le vigneron lui remet un reçu, puis dépose sa commande à la consigne, à l'entrée du salon. L'acheteur prendra son colis en repartant. Les navettes municipales le conduiront directement au parking.
Quelques astucieuses initiatives enrichissent le fichier clients : l'urne où glisser son adresse pour recevoir une invitation pour le prochain Festivin, les invitations à télécharger sur Internet et celles offertes aux visiteurs pour leurs amis.
La troisième édition de Festivin, organisée le week-end du 22 et 23 novembre, est une réussite. ' Nous avons accueilli plus de 3 000 visiteurs ', affirme Nicolas Garcia, chargé de mission à 2 000 Vins d'Ardèche, l'association qui organise Festivin et représente les neuf-dixièmes du vignoble. ' Les vignerons apprécient le professionnalisme de ce salon et ont vendu davantage qu'en 2002. Ils sont prêts à recommencer l'an prochain. ' Mais le coût du festival s'élève à 70 000 euros, difficiles à rassembler chaque année.
Jean-Luc Flaugères, président de 2 000 Vins d'Ardèche, hésite à organiser un nouveau Festivin avant 2005. ' Nous avons essayé de compresser les coûts, mais c'est dur, dit André Mercier. Affiches, publicité sur la radio et dans la presse écrite, location du séminaire, gardiens, réfrigérateurs pour les exposants, envoi de 35 000 invitations aux professionnels. Par économie, nous n'avons pas fait d'affichage dans la vallée du Rhône. ' Organiser un festival plus artisanal ? Christelle Coulange, vigneronne à Bourg-Saint-Andéol, souhaite préserver le professionnalisme : ' On ne veut plus de l'image hippie de l'Ardèche. '