Chez les Dessevre, la viticulture raisonnée est un état d'esprit. Pierre-Eric et Dominique se sont engagés dans la démarche qualification conçue par les pouvoirs publics.
En 1996, Dominique Dessevre reprend l'exploitation familiale. En 1997, son frère Pierre-Eric le rejoint. Chez eux, la viticulture raisonnée est un état d'esprit. ' Nous l'avons pratiquée dès le début, explique Pierre-Eric. Raisonner, limiter les intrants, valoriser le terroir, préserver l'environnement font partie de notre philosophie. De plus, ayant travaillé quatre ans au Groupement de développement viticole du Maine-et-Loire, j'ai baigné dedans . '
Les Dessevre pratiquent l'enherbement, n'interviennent que lorsque c'est nécessaire. C'est tellement ' normal ' que jusqu'en 2002, ils n'avaient jamais revendiqué leur démarche. Mais lorsqu'ils commencent à ' chatouiller ' la grande distribution et les grossistes, leur agent les invite à l'utiliser comme argument commercial. En 2002, ils adhèrent à Terra Vitis et signent un CTE. Puis ils répondent positivement à Maferme diffusion (Marne), lorsque cet organisme de formation leur propose une préparation à la qualification officielle de l'agriculture raisonnée. C'est leur technico-commercial, Gérard Rousteau, de la Société commerciale de produits agricoles du Maine-et-Loire, qui les en a informés.
' Nous ne connaissions pas tous les tenants et les aboutissants de la qualification, reconnait Pierre-Eric . Quand Gérard est venu nous les expliquer, nous avons pensé qu'il y avait quelque chose à faire. C'est un engagement volontaire et c'est très bien que nos interlocuteurs privilégiés s'y intéressent . ' Le rôle de Gérard Rousteau est primordial : ' C'est mon 'moniteur d'auto-école '. ' Il assure l'interface entre Maferme diffusion et les exploitants.
Les Dessevre se sont engagés dans la qualification avant les vendanges. ' Nous sommes dans les premiers et cela ne nous fait pas peur. Qui peut le plus peut le moins. Quand on a fait un CTE, on a tout fait . '
La démarche comprend cinq étapes. Pierre-Eric et Dominique en sont à la première. ' Fin octobre, nous avons eu une réunion d'information et de formation. Environ douze personnes étaient présentes. Nous avons rempli le Vitidiag, un formulaire comprenant 84 questions. Nous apportions les réponses en commun. En cas de doute sur une question, le formateur nous lisait le texte officiel correspondant, l'expliquait et l'adaptait à notre cas . ' Un rapport d'autodiagnostic sera établi, suivi d'un plan de progrès mi-janvier, et d'un audit blanc en mars. Ils espèrent obtenir la qualification par un organisme certificateur en mai 2004.
Pierre-Eric sait déjà sur quels points il va devoir travailler pour se mettre en conformité avec le référentiel et être ' au top de la préparation .'
' Je dois améliorer mon local de stockage des phytos, investir dans une armoire pour séparer les produits interdits des autres, ne pas laisser les bidons vides et rincés à l'air libre et les mettre dans un sac. J'ai acheté des gants nitriles et des cartouches pour masques. Il va falloir collecter tous les justificatifs d'abonnement aux revues techniques, de formation..., me procurer un plan des parcelles, des bâtiments, faire signer aux salariés les règles de sécurité pour les responsabiliser, faire l'inventaire de mes phytos et une analyse granulométrique de mes sols. Rien d'insurmontable . '
Pour ce qui est des retombées, Pierre-Eric reste lucide. ' Au niveau de la vente directe, Terra Vitis n'est pas la préoccupation majeure pour le client déjà acquis. Nous risquons d'avoir le même problème avec la qualification. Mais il faut rester dans la course. La clientèle vieillit, la vente directe devient de plus en plus difficile. Pour rentrer dans la grande distribution, il faut s'en donner les moyens. Elle a besoin de garanties. Pour moi, la qualification est un droit de commercialiser. Si elle doit avoir des retombées commerciales, ce sera maintenant, et non pas quand tout le monde sera qualifié. A mon avis, elle ne donnera pas de plus-values, mais plutôt des moins-values à ceux qui n'y sont pas. Mais cette démarche n'aura de sens que si nous communiquons dessus . '
PIERRE-ERIC DESSEVRE, membre de l'EARL Vignoble Dessevre, à Tigné (Maine-et-Loire)
44 ha
12 appellations
2 000 hl, dont 60 % (700 hl en Bib et 500 hl en cols) sont vendus en direct
80 000 à 90 000 cols/an
2 salariés permanents, un groupement d'employeurs