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Collecte de l'arsénite : les vignerons soulagés

La vigne - n°179 - septembre 2006 - page 0

Depuis l'annonce officielle de la récupération des stocks d'arsénite, les choses s'organisent en région. Les vignerons sont ravis de se débarrasser de ce poison qui les encombrait.

'Dès que j'ai appris la nouvelle, j'ai appelé mon distributeur pour avoir plus d'informations ', rapporte Nicolas Seintourens, chef de culture au Château Grimont, à Quinsac (Gironde). Depuis 2000 qu'il est en poste sur ce domaine de 110 ha, il se retrouve avec un ancien stock de 250 kg d'arsénite sur les bras. ' Nous avons récupéré 'le cadeau' lors d'une prise de fermage. L'ancien propriétaire l'avait laissé sur place. Comme nous n'en connaissions pas l'état, nous n'avons pas pu l'utiliser. ' Dans l'espoir de le rendre moins dangereux, Nicolas Seintourens a mis ce stock dehors pour que le gel dégrade l'arsénite. Mais ce sont les emballages qui ont commencé à se dégrader.

A cet ancien stock s'ajoutent deux bidons que l'exploitation avait en propre. ' La collecte est bienvenue. Je suis grandement soulagé. J'ai contacté Adivalor afin qu'ils reconditionnent le vieux stock dans des fûts étanches. Ensuite, il faudra les mettre dans des suremballages pour les transporter . ' Adivalor ou le distributeur s'occupera du transport. ' Je ne voulais pas le faire pour des questions de sécurité et de législation. On ne peut pas transporter plus de 50 kg de produit toxique dans un véhicule particulier ', précise Nicolas Seintourens. Il devra juste ramener, sur le lieu de collecte, les deux bidons encore en état.
Bien d'autres vignerons sont satisfaits. Depuis l'interdiction brutale de ce produit le 8 novembre 2001, leurs bidons leur restaient sur les bras, consignés dans leur local de stockage.
A chaque réunion technique où l'administration était présente, ils demandaient : ' Quand les stocks seront-ils collectés ? ' A chaque fois, la réponse était évasive. Les ministères de l'Agriculture et de l'Ecologie se renvoyaient la balle. Mais, en juin, les pouvoirs publics ont débloqué des fonds. Depuis, Adivalor et ses partenaires locaux organisent la collecte. Début juillet, les vignerons ont commencé à recevoir des questionnaires pour savoir s'ils détiennent de l'arsénite et en quelle quantité. Beaucoup les ont renvoyés rapidement. ' Les vignerons se sentent concernés. Même quelques retraités ont répondu. On aura un bon déstockage ', estime Vanessa Prochasson, de la chambre d'agriculture du Cher. La collecte est en marche.
Jacques Raffaitin, vigneron sur 10 ha à Bué (Cher), y participera sans hésiter. ' J'ai huit bidons de 10 l dans mon local, qui prennent de la place. De plus, je craignais qu'un cambrioleur les prenne et les déverse dans la rivière. Je suis content de m'en débarrasser. '
Pierre-Eric Dessèvre, vigneron sur 47 ha à Tigné (Maine-et-Loire), est également satisfait que cette affaire se termine. Membre de l'association Terra Vitis et qualifié en agriculture raisonnée, il possède 70 l de Pyralesca entreposés dans son local phytosanitaire aux normes. Pour plus de sécurité, il a mis ce stock dans une armoire fermée à clef avec, accroché dessus, un écriteau ' PPNU ' (produit phytosanitaire non utilisable).

' Dans ces conditions, le stock ne me dérangeait pas plus que ça. Comme l'endroit est sain, les bidons ne se sont pas dégradés. Il y a juste les étiquettes qui se sont un peu abîmées, mais je n'étais pas inquiet. Il n'empêche qu'il s'agit d'un produit dangereux et cela m'arrange de ne plus l'avoir chez moi. Je n'en aurai plus la responsabilité ', déclare Pierre-Eric Dessèvre. En fait, il déplore surtout la façon dont le dossier a été traité. ' Le stockage n'était pas une solution. Il aurait fallu nous donner une porte de sortie tout de suite, comme pour les autres PPNU. ' En tout cas, il ne manquera pas de se renseigner sur les modalités de collecte pour ne pas louper la date. ' Cela m'arrangerait qu'elle se fasse sur plusieurs jours, en dehors de la période des vendanges ', espère-t-il.
Soulagement aussi pour David Gessler, vigneron à Sauboires (Gers), qui possède deux bidons de 5 l, dont l'un est entamé : ' C'est aussi bien de ne plus les avoir dans mon local. Je ne sais pas comment ils auraient vieilli. '

Toutefois, il aurait préféré une autre solution que la collecte. ' Dans la région, nous avions fait des pétitions pour réutiliser les stocks une année supplémentaire, selon un cahier des charges précis. Mais cela nous a été refusé. ' Selon lui, cela aurait économisé le coût de la collecte, soit 1,8 Meuros, et l'argent aurait pu servir à la recherche sur les maladies du bois.
Si de nombreux vignerons ont bien accueilli l'annonce de la collecte, il y en a d'autres pour lesquels la pilule a du mal à passer. ' Nous sommes dans une situation où ça coûte à tout le monde : au contribuable, au distributeur, au vigneron. J'ai un stock d'au moins 200 l d'une valeur de 1 533 euros. Vu le contexte de crise, je n'avais pas besoin de perdre une telle somme. La collecte n'est pas une solution acceptable. J'aurais préféré avoir l'autorisation d'épandre mes stocks dans des conditions sécurisantes, plutôt que de les ramener pour qu'on les détruise ', indique Frédéric David, jeune vigneron dans le Gard.

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