Toute petite, Lætitia Bléger, Miss France 2004, participait à l'embouteillage. Elle vendange tous les ans. Son succès rejaillit sur le domaine de ses parents et sur son village.
En se présentant aux téléspectateurs, après son élection, Miss France 2004 a moins parlé d'elle que de sa région natale et de son village traversé par la route des vins d'Alsace. ' Je suis fière de mes origines ', a-t-elle simplement expliqué, venant de Saint-Hippolyte, 1 070 âmes, 260 ha de vignes, soixante-dix déclarants, vingt-deux vignerons indépendants et vingt coopérateurs. Son village n'a pas tardé à lui rendre la pareille en lui réservant un accueil de reine peu avant Noël. Chaque entrée est désormais barrée pour toute l'année d'une banderole jaune qui proclame en lettres vertes : ' Bienvenue à Saint-Hippolyte, village de Miss France 2004. '
' Le rêve de ma grand-mère était que je devienne reine des vins d'Alsace. C'est raté. Mais ni elle, ni moi ne regrettons rien ', commente Lætitia Bléger. Les félicitations sont arrivées en masse par téléphone, courriels, fax et lettres de toute la France, des responsables viticoles régionaux ou d'Alsaciens émigrés à New-York. ' Des viticulteurs du village ont été appelés par leurs clients, ravis d'entendre le nom de Saint-Hippolyte à la télé ', raconte Chantal Bléger, mère de Lætitia. Claude, son père, aurait déjà pu vendre plusieurs fois l'intégralité de sa récolte 2003 à des enseignes de la grande distribution auxquelles il ne cède, d'habitude, aucune des 50 000 bouteilles qu'il vend en année normale.
Toute petite, Lætitia participait à la vie de l'entreprise. ' Je devais avoir quatre ou cinq ans. J'adorais mettre les capsules sur les bouteilles qui défilaient devant l'étiqueteuse. Il fallait que je monte sur une caisse pour être à la bonne hauteur ', se souvient-elle.
Les études, pour devenir hôtesse de l'air, l'éloignent de la vigne, mais pas complètement. Les chemins viticoles lui fournissent un parcours idéal pour la pratique du jogging. Pendant les vacances d'été, Claude emmène sa fille ' nettoyer autour des pieds '. ' Donner des coups de main, c'est normal ', dit-elle. Durant les vendanges, Lætitia se fait toujours un devoir de se libérer au moins ' deux ou trois jours ' pour partager, sécateur en main, une ambiance détendue avec une équipe d'une dizaine d'habitués. ' Mais ce que je préfère, c'est la vente, le contact avec le client, au caveau. Mes parents m'ont appris les bases, notamment les types de vins. ' La nouvelle Miss France avoue ' boire peu '. Dans ces moments-là, ses penchants l'entraînent vers le gewurztraminer, le tokay pinot gris ou encore le champagne, avec lequel elle a fêté son titre.
Sur son calendrier de Miss 2004 figurent déjà des plateaux télé, des séances de photos et de dédicaces, des salons dont celui de l'agriculture et, bien entendu, les concours régionaux de Miss France.
Elle souhaite des ' rencontres avec un maximum de personnes intéressantes ' et réfléchit à un engagement personnel auprès d'une association en faveur de l'enfance. En 2005, une autre Miss lui aura succédé. Au-delà, son avenir se profile en point d'interrogation. Son installation en viticulture semble exclue. Ce projet paraît davantage s'inscrire dans la trajectoire de Maxime, son frère de 15 ans. Peut-être poursuivra-t-elle sa carrière d'hôtesse de l'air. Dans ce cas, une formation à la dégustation des vins ne lui déplairait pas, car ' une hôtesse doit connaître les associations mets-vins '.
Une autre question est de savoir s'il y aura une cuvée Miss France 2004. Ce n'est pas l'envie qui manque à Claude Bléger. Mais le père de Lætitia doit encore se renseigner sur les éventuelles contreparties à l'exploitation de la notoriété nouvelle de sa fille .