Les vignobles auvergnats ont peu de moyens. Ils contournent cette difficulté en bâtissant des Pida ou des partenariats avec les chambres d'agriculture et les conseils généraux. Ils font également le pari de l'AOC.
La Côte roannaise s'apprête à fêter ses dix ans d'AOC. L'événement aura lieu le 24 janvier 2004, en présence du restaurateur Pierre Troisgros et du gastronome Jean-Luc Petitrenaud. Pour marquer cette journée, paraîtra un livre : Sur les chemins de la Côte roannaise, parole de vigneron. C'est un bon support de communication, mais surtout l'occasion pour le public de donner un visage au vignoble.
' Nous commercialisons plus de la moitié de nos vins sur Roanne et ses environs. Nous continuerons à mobiliser les Roannais pour qu'ils soient les ambassadeurs de l'AOC , confie Pascal Néron, président de l'Association vinicole roan- naise. Nous avons aussi prévu une dégustation à Paris avec la presse spécialisée, pour nous faire connaître d'un plus large public. Nous sommes aidés par la mairie de Roanne et le conseil général de la Loire. ' Ces aides sont importantes, car du haut de ses 10 000 hl, le vignoble roannais ne pourrait pas réaliser sa promotion seul. Pour continuer à améliorer la qualité, l'Association roannaise projette la mise en place d'un plan intégré de développement agricole (Pida) pour 2004. Elle recherche également un moyen d'aider l'installation des jeunes, car de nombreux vignerons partent à la retraite. D'un côté, elle travaille avec la Safer pour créer des îlots viticoles afin de protéger les terrains de l'urbanisation et, de l'autre, elle réfléchit à la possibilité de créer des vignes pilotes. Ces dernières seraient mises à disposition à l'âge de trois ans. ' Cela n'est pas évident, car il faut être sûr d'avoir quelqu'un pour les exploiter trois ans après. '
Les Côtes d'Auvergne revendiquent toujours l'appellation d'origine contrôlée. ' Nous la demandons depuis 1986. L'Inao se penche sur le sujet depuis quatre ans. Nous sommes dans une phase de remise à jour de l'aire d'appellation. Nous réfléchissons également aux termes du nouveau décret ', déclare Jean-Pierre Pradier, président du Syndicat de l'AOVDQS.
Parallèlement, le syndicat a mis en place un plan sur cinq ans, avec le conseil général. 762 000 euros lui ont été accordés pour aider à la plantation, à la commercialisation et à l'équipement des caves. ' La troisième année se termine et les crédits ont été consommés , constate Jean-Pierre Pradier. Nous avons embauché un permanent à la Fédération viticole, qui travaille à 70 % pour le syndicat. Nous essayons de pérenniser ce plan pour terminer notre développement. ' Un autre problème, celui du manque de droits de plantation. ' Nous avons 3 ha, alors qu'il nous en faut au moins 15. Nous obtiendrons peut-être 2 ha supplémentaires, mais cela n'est pas suffisant. '
A Saint-Pourçain, ' le plus gros dossier, c'est la demande d'AOC ', déclare Marc Ouvrié, conseiller technique du syndicat depuis septembre 2003, grâce à un partenariat avec la chambre d'agriculture de l'Allier. ' Aujourd'hui, tout ce qui est mis en place, comme la plantation de pinot noir, fait partie de la démarche AOC. ' ' Nous sommes dans la dernière ligne droite ', précise Jacques Vigier, directeur de l'Union des vignerons de Saint-Pourçain (70 % de la production). ' La délimitation de l'AOC et le décret sont prêts. Nous attendons le dernier passage de la commission d'accession. '
Saint-Pourçain se prépare au passage à l'AOC, en continuant la remise en état de l'encépagement, qui devra comporter 25 % de pinot noir, et en plantant à 4 000 pieds/ha, contre 3 300 pieds. Par ailleurs, de gros investissement étaient prévus pour 2004, notamment à l'Union. Malheureusement, ' en raison de la faible récolte, ils sont reportés , annonce Jacques Vigier. Tous les projets sont gelés, car tout le monde a des problèmes de stock. Pour l'instant, l'objectif est de ne pas se couper de nos clients et de reconstituer nos réserves '.
Les Côtes du Forez sont en AOC depuis 2000. Ce chantier achevé, le syndicat espère en ouvrir un autre : le lancement de son premier Pida. Il devait être mis en place il y a deux ans, mais il n'a pas abouti. Henri Chèze, président du Syndicat viticole des Côtes du Forez, explique : ' La cave coopérative représente 85 % de la production, d'où les problèmes pour définir une politique commune. Aujourd'hui, le contexte a changé, et mettre en place le Pida fait partie des volontés de la coopérative. ' ' Il faut trouver des axes de développement et d'aides, car seuls 10 % de l'aire d'appellation du vignoble sont exploités ', précise Sébastien Pichot, directeur de la cave des vignerons foréziens. ' Cette année, le chiffre d'affaires est stable. Notre objectif est de le doubler en cinq ans, en travaillant sur la qualité et sur les marchés nationaux et internationaux. '