Depuis 1975, le domaine Brusset a entrepris de recéper ses gobelets en cordons de Royat. Il a acquis une parfaite maîtrise de cette opération, coûteuse et délicate.
Laurent Brusset termine, en 2004, un programme de dix ans de recépage et de palissage de 15 ha de vignes, initialement conduites en gobelets. Ces transformations visent à gagner une meilleure qualité des raisins pour obtenir des vins plus colorés et des tanins plus soyeux. Pour Laurent, les avantages sont clairement identifiés : ' D'abord, on constate une plus grande surface foliaire et un gain de 0,5 à 1° . Comme les grappes sont plus aérées, la maturité est plus homogène. Il y a moins de risques de pourriture. Le raisin peut mûrir plus longtemps. Les grappes étant plus visibles et alignées sur les fils, la vendange manuelle est simplifiée et on positionne mieux les produits de traitement. L'effeuillage, le passage du matériel et, dans le futur, d'une machine à vendanger sont facilités. '
Au départ, dans les années 1975, afin d'aider le passage du matériel, le père de Laurent avait commencé à recéper. Il avait transformé les gobelets en cordons sur un simple fil porteur pour les cépages à port droit (grenache, carignan, mourvèdre). Les piquets mesuraient 1,20 m. Il avait palissé la syrah, au port retombant, avec un porteur, deux fils releveurs et des piquets de 2 m.
' Mais les cépages à port droit étaient sensibles au vent et il y avait beaucoup de casse. De plus, comme on avait tendance à écimer plus bas, on perdait de la surface foliaire. Depuis dix ans, on les palisse aussi. Et quitte à recéper et à transformer des vignes, on installe en même temps le palissage avec un fil porteur et deux releveurs . '
La transformation en cordons de Royat, palissés avec deux fils releveurs, prend quatre ans. Elle s'applique aux vignes en gobelets qui ne sont ni faibles, ni malades, et indemnes de court-noué.
La première année, après la vendange, les piquets sont plantés au centre des gobelets et le fil porteur au milieu. La taille est normale. Simplement, au moment où la végétation pousse, elle est enroulée sur le fil.
La deuxième année, les bras de la souche, à l'exception de celui qui se trouve dans l'axe du fil, sont coupés au sécateur hydraulique. Cette taille a lieu en sève montante. Les plaies sont badigeonnées avec un produit cicatrisant. ' On attache une baguette sur le fil porteur et on laisse un courson à deux yeux à l'opposé, ce qui permettra de former le deuxième sarment l'année suivante . ' Deux salariés du domaine ont été spécialement formés pour réaliser l'opération.
En troisième année, la taille vise à laisser un cordon avec trois coursons de deux yeux d'un côté, et une baguette de sept à huit yeux de l'autre. En quatrième année, il y a un cordon de chaque côté, sur lequel on laisse trois coursons de deux yeux. La hauteur de palissage est décidée en fonction du port de la vigne et de sa vigueur.
Dans la pratique, l'opération demande de la rigueur. Lors de la formation des bras, il est important de protéger les nouvelles pousses en emprisonnant les rameaux entre les deux fils releveurs, remontés le plus haut possible. Dans le même temps, il faut pratiquer un ébourgeonnage sévère, en ne laissant que quatre pousses sur chaque baguette. De même, il est nécessaire d'enlever des raisins l'été. Une seule grappe par rameau est conservée, sinon ' on épuise la vigne, on obtient une récolte de mauvaise qualité et c'est un échec '.
L'inconvénient de la transformation reste son coût. Laurent l'estime à 3 470 euros pour 1 ha planté à 2 m de large : 1 900 euros de piquets (en pin injecté), 130 euros de fil en acier galvanisé (10 000 m de releveur, 5 000 m de porteur), 940 euros pour la répartition et la pose des piquets et 500 euros pour le déroulement des fils. Ces deux dernières opérations sont réalisées en prestation de service.
Au bout du compte, le palissage engendre beaucoup de travail et de suivi supplémentaire, notamment pour l'entretien, le relevage des fils en deux passages (d'abord à 40 cm, puis à 80 cm) au-dessus du porteur. ' Mais quelle satisfaction, l'été, de voir ses vignes bien alignées et palissées ', tempère Laurent.
Laurent Brusset, domaine Brusset, à Cairanne (Vaucluse)
87 ha en Côtes du Ventoux, Côtes du Rhône et Gigondas
95 % de rouge
400 000 bouteilles
10 salariés
75 % à l'exportation