Toutes les branches de la filière viticole gersoise se réunissent pour fêter la Saint-Vincent. Elles mettent à l'honneur leurs produits et leurs traditions gastronomiques.
Comme saint Luperc qui a donné son nom à la cathédrale d'Eauze (Gers), saint Vincent était diacre, diacre de Saragosse (Espagne), où il est mort sous la torture au début du IV e siècle. Depuis trois ans, c'est à Eauze, capitale de l'armagnac, que sont célébrées la messe, puis la soirée vigneronne pour la Saint-Vincent.
Ce 22 janvier, les dames du floc de Gascogne, revêtues de la cape verte et du chapeau de la confrérie, ont pris place aux premiers rangs de l'église. L'abbé Ricaud, aumônier des vignerons, a célébré la messe avec l'abbé Janssen. Ce dernier a demandé que les prières de chacun aillent vers ces vignerons qui passent des moments difficiles dans leur profession et qui produisent ce jus fermenté, source de rires et d'oubli des soucis quotidiens. ' Des mesures administratives menacent le travail des vignerons. Il faut espérer que cela ne les empêchera pas de travailler. ' La sortie de la messe s'est faite derrière les flambeaux portés par des enfants. Et c'est en procession que tous se sont rendus à la grande halle, où s'est déroulée la soirée vigneronne.
Chaque repas est concç sur un thème différent : cette année, ce sont les délices de la mer ; en 2003, les volailles du Gers ; en 2002, les fromages. Soupe de poisson, noix de Saint-Jacques et saumon : avec chacun de ces plats, les convives ont goûté des vins de pays locaux, judicieusement choisis. Même le fromage était une préparation gasconne dont voici la recette : fromage frais de vache ou de chèvre, selon le goût, deux cuillères à café de cassonade (ici, de l'Ile Maurice), deux cuillères à café d'armagnac : c'est le fromageon. Un réel délice !
A mi-parcours de ce repas, sans faute, l'incontournable trou gascon a pris, cette année, une importance particulière avec la Blanche d'Armagnac qui devrait accéder à l'AOC dans peu de temps. Cette eau-de-vie très fruitée apporte beaucoup de plaisir en bouche, et elle remplit son rôle en faisant de la place pour la fin du repas.
On ne finit pas, en Gascogne, une fête ou une distillation sans préparer le brûlot. Grande bassine de cuivre dans laquelle on verse l'armagnac, puis les fruits (oranges et citrons, mais on peut y trouver de la banane), la cannelle et les clous de girofles. On chauffe le tout jusqu'à ce qu'on puisse l'enflammer. Tout l'art du brûlot est de savoir à quel moment éteindre la flamme pour que suffisamment d'alcool soit brûlé et que les arômes subsistent encore. Lors- qu'il est réussi, il réconcilie les femmes avec l'armagnac, qu'elles jugent souvent trop fort.
Plus de quatre cents convives, en majorité vignerons, ont participé à cette soirée, organisée par les branches de la filière viticole de l'armagnac, des vins de pays des côtes de Gascogne et du floc de Gascogne. Dans cette région où l'on sait faire la fête, tout est prétexte à rires et chansons. L'orchestre Jazzmagnac, qui a accompagné tout le dîner, ne s'en est pas privé. Il a caricaturé une grande chaîne de restauration rapide, en patois gascon. Beaucoup de plaisir donc, à cette soirée, mais il ne pouvait en être autrement dans cette Gascogne où il fait si bon vivre.