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Les vins rouges d'appellation plombés par leurs volumes

La vigne - n°157 - septembre 2004 - page 0

En dépit de deux petites récoltes, la plupart des marchés d'appellation sont en berne. L'arrivée du millésime 2004, annoncé volumineux, risque d'aggraver la situation.

Au premier plan, des exportations en baisse et une consommation intérieure morose. .. En toile de fond, une concurrence internationale de plus en plus pesante et agressive. Le tableau auquel la viticulture française doit faire face n'augure rien de bon. Les marchés à l'amont écopent et, cette fois, les appellations trinquent. Le constat est d'autant plus singulier que, l'an passé, les vins de table et de pays ont su tirer leur épingle du jeu à des cours rémunérateurs pour la production. Cette ' exception ' viticole s'explique mal, car les deux dernières récoltes d'AOC ont été parmi les plus faibles enregistrées depuis plus de dix ans : 24,4 Mhl en 2002 et seulement 21,8 Mhl en 2003. Si le déficit de production n'a pas permis une relance de l'activité, on peut craindre le pire pour la campagne 2004-2005.
A mi-août, l'Onivins évaluait la vendange des appellations à 25,5 Mhl, soit une augmentation de 17 % par rapport à 2003. Les marchés étaient déjà atones et les cours en baisse...
Comment vont-ils réagir à ce surplus de volume ?
Les plus optimistes croisent les doigts pour que le millésime soit bon. Les pessimistes n'hésitent pas à parler d'un risque de krach... La crise actuelle touche essentiellement les vignobles d'appellation rouge de masse.
L'épicentre de la crise se situe en Gironde. Les présidents de la production et du négoce bordelais ont cosigné cet été une déclaration solennelle, rappelant ' qu'un prix inférieur à 1 000 euros le tonneau (111 euros/hl) de vrac en bordeaux rouges n'assure pas la rémunération des professionnels '.

Et l'effet est mécanique : plus il y a des bordeaux à moins de 1,50 euros dans les grandes surfaces, moins il y a de place pour les appellations voisines du Languedoc. D'aucuns diront que les Bordelais sont habitués à jouer aux montagnes russes... Mais depuis peu, même les sages vins des Côtes du Rhône piquent du nez : en juin, le prix moyen des transactions sur le rouge régional est descendu à 80 euros/hl.
Mais au-delà des difficultés actuelles, qui pourraient n'être que conjoncturelles, la campagne dernière et les futures vont pousser les appellations à réfléchir sur leur avenir. Les tableaux de bord économiques, qui ont légitimé les dernières demandes de droits de plantation, méritent une révision.
Aujourd'hui, plusieurs vignobles souffrent d'un manque d'adéquation entre leur offre et leur demande. A Bordeaux, le potentiel global de commercialisation est évalué à 5,5 Mhl, alors que la capacité de production se situe autour de 7 Mhl pour une année normale. Dans les Côtes du Rhône, l'appellation régionale a produit 2 Mhl et vendu 1,8 Mhl, l'an passé.
Une telle analyse poussera les régions en crise à s'interroger : ont-elles trop planté ? Faut-il arracher ? En attendant d'aborder ce douloureux sujet, les vignobles d'AOC rouges amorcent 2004-2005 sur le qui-vive : les quantités mises sur le marché sont retreintes via des rendements en baisse ou des mises en réserves. Jouer la baisse des volumes ne suffit pas.
Encore faut-il blinder la qualité. Pour cela, des régions n'hésitent pas à remanier leur agrément. Autant d'initiatives courageuses qui devraient limiter la casse...

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