La campagne 2005-2006 a été difficile, malgré une hausse des ventes. Les prix à la production ont continué leur effondrement. 2006-2007 s'annonce sous de meilleurs auspices grâce à des disponibilités en baisse.
Parker l'avait proclamé au printemps : le millésime 2005 est exceptionnel pour l'ensemble des vins du Bordelais. 2006 finit donc plutôt bien. Les cours moyens du bordeaux rouge sont remontés sur la fin de l'année (début août à fin novembre 2006). Ils tournent autour de 878 euros/tonneau de 900 l tous millésimes confondus, contre 635 euros sur la campagne 2005-2006, et cela grâce au 2005 qui se situe à 887 euros. De plus, les commercialisations du vrac sont supérieures de 14 % à celles de la campagne précédente. C'est la conséquence du blocage mis en place par le Syndicat des Bordeaux et Bordeaux supérieur. Ce dernier avait paralysé les ventes au printemps 2006. Un rattrapage des commercialisations est donc en cours.
Les prix devraient se maintenir, car la campagne commence sans excédent : des rendements 2006 identiques à ceux de 2005, 363 000 hl distillés et 1 600 ha arrachés en Bordeaux rouge. Du coup, les disponibilités sont en baisse de 3 à 4 % (14,5 Mhl).
Toutefois, Laurent Gapenne, président du Syndicat des Premières Côtes de Bordeaux et de Cadillac, reste sur ses gardes : « Le marché est plus sain, mais le quatrième trimestre n'est pas satisfaisant pour les sorties de blanc, alors que le 2006 est un très bon millésime. Par ailleurs, les cours sont toujours insuffisants pour les viticulteurs . »
Allan Sichel, président de la Fédération des syndicats des négociants, ne prévoit d'ailleurs pas de remontée des cours sur le millésime 2006, qui est hétérogène.
La campagne 2005-2006 a été mitigée. Les cours du vrac ont continué leur fléchissement, à cause d'un millésime 2004 moins qualitatif et plus quantitatif que le 2003. La seule exception concerne les appellations Médoc et Graves qui ont stabilisé leurs cours.
Par contre, les sorties à la propriété ont légèrement augmenté : + 3 % par rapport à 2004-2005 grâce à des mises en bouteilles effectuées par la production. Les contrats d'achat de vrac sont stables. Au total, les ventes de vins de Bordeaux ont progressé de 1 % en volume et de 7 % en valeur. Les appellations, qui enregistrent les meilleures performances en volume, sont Médoc et Graves (+ 10 %), Saint-Emilion, Pomerol et Fronsac (+ 17 %), suivis par les Côtes (+ 3 %) et les blancs doux (+ 2 %). En revanche, les ventes de bordeaux blancs secs connaissent une lente érosion du fait de prix de vente trop élevés, qui les empêchent d'être compétitifs à l'exportation.
C'est essentiellement l'exportation qui booste la région. Elle constitue 32 % des ventes de bordeaux et un chiffre d'affaires de 1,24 mdeuros, pour 1,81 Mhl commercialisé. La hausse en volume (+ 4 %) est assurée par les pays tiers, qui ont évolué de + 13 %. Les Etats-Unis ont augmenté leurs achats de 29 % et le Japon de 9 %. Par contre, il y a un petit tassement à surveiller en Belgique. Les exportations ont aussi progressé de 24 % en valeur, toujours grâce aux pays tiers et au Royaume-Uni. Ce redressement à l'exportation est à attribuer à Médoc-Graves (+ 12 % en volume et + 38 % en valeur) et aux Saint-Emilion-Pomerol-Fronsac (+ 8 % et + 15 %). Cela provient surtout d'expéditions du millésime 2003 qui bénéficie d'une excellente notoriété. Beaucoup de crus prestigieux 2003 ont été commercialisés, tirant les prix à la hausse.
En France, le marché continue à se contracter. Malgré cela, les bordeaux sont à peu près stables en volume (+ 2 %). Ils ont gagné 2 % en GMS, qui réalisent 43 % de leurs ventes, mais sont en retrait de 10 % en hard discount. « Nous avons connu une grosse progression en hard discount depuis 1998-1999, qui s'est interrompue en 2005-2006 , résume Jean-Philippe Code, responsable économique de l'interprofession bordelaise. Sur cette dernière campagne, le nombre de visites en hard discount a diminué. Les consommateurs lui ont préféré les grandes surfaces traditionnelles. En plus, les Côtes du Rhône et le Sud-Est ont repris du poil de la bête. Nous avons donc perdu des volumes . »
En grandes surfaces, Saint-Emilion, Fronsac, Pomerol, Médoc et Graves ont progressé, tandis que Bordeaux supérieur a perdu 7 %. Les côtes, les blancs et les bordeaux rouges se maintiennent. Les rosés ont développé leurs ventes de 19 %. Par ailleurs, les foires aux vins de cet automne se sont bien déroulées, avec des ventes en hausse de 2 %.
La situation bordelaise est donc plus saine qu'il y a un ou deux ans. Les volumes disponibles sont moindres et la baisse des ventes est enrayée. Néanmoins, les cours sont loin d'être rémunérateurs pour les viticulteurs. Bordeaux doit continuer à séduire les consommateurs pour reconquérir des parts de marché et finir par remonter ses prix. Un travail de longue haleine...