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L'arrachage sur toutes les lèvres

La vigne - n°157 - septembre 2004 - page 0

A plus long terme, les vignobles en crise n'échapperont pas à une réflexion sur leur potentiel de production avec, à la clé, une question : faut-il arracher ?

Le sujet mûri, avec lenteur... Il faut dire qu'il n'est pas loin le temps où des régions d'appellation - aujourd'hui ouvertement en crise ! - se battaient bec et ongles pour obtenir des droits de plantation. Ces jeunes plants sont à peine entrés en production que déjà, on parle d'arrachage. De là à en conclure que c'était une erreur de planter, il n'y a qu'un pas...
Sans vraiment le franchir, les nouveaux responsables professionnels de Bordeaux ont le courage d'aborder le sujet.

Pour Christian Delpeuch, président du Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux, ' l'arrachage ciblé et définitif ne doit pas être un tabou, bien au contraire '. Lors de son discours d'investiture, le nouvel élu s'est montré ' favorable à ce que le CIVB prenne sa part financière pour accompagner cette mesure '. Il a proposé ' la création, pour la campagne 2005, d'une cotisation volontaire obligatoire exceptionnelle de 1 euros/hl déclaré pour financer cette mesure '. Ne mâchant pas ses mots, Christian Delpeuch a même argumenté sa proposition : ' En plus des aides communautaires ou de celles des collectivités territoriales, je trouve assez sain de financer nos propres dérives '. Pour le nouveau président du CIVB, les mesures d'arrachage, si elles sont instituées, devront l'être sur un temps limité (six mois par exemple) pour qu'elles aient un impact rapide.
Reste que le sujet est encore au stade du débat... Aucune décision concrète n'a été prise. Outre la question de savoir si le Bordelais a eu tort ou raison de planter comme il l'a fait ces dernières années, certains font valoir que des vignes, notamment celles des palus (ancien marais littoral desséché), devraient être arrachées en priorité parce qu'elles ne ' méritent pas l'AOC '. Bref, pour le moment, la filière bordelaise est en pleine polémique. Un responsable professionnel de l'Entre-deux-Mers confiait récemment son analyse : ' Les mesures prises à Bordeaux depuis deux ans pour limiter la casse sur les marchés sont des mesurettes. Il y a dix ans, c'est par l'arrachage que l'on a pu régler le problème des blancs. Les rouges n'y couperont pas... '

Dans les autres régions (Côtes du Rhône, Bourgogne...), l'arrachage ne fait pas partie, officiellement, des ' réflexions sérieuses '. Selon les responsables professionnels, le sujet est ponctuellement évoqué, mais tous attendent de voir ' ce qu'il va se passer dans le Bordelais '.
Dans le Beaujolais, on aimerait bien accélérer l'application des nouvelles densités de plantation. Plus basses, elles réduiraient les coûts de production et abaisseraient le volume récolté. ' L'idéal serait de bénéficier d'un système du style reconversion qualitative différée , explique un responsable. Le problème, c'est que nous sommes une région de monocépage. Si nous parlons de reconversion chez nous, cela ne peut être que pour encourager l'utilisation de clones connus pour leur bonne maturité et leur moindre productivité. '
Le problème de l'arrachage se trouve lié à une réforme de l'OCM.
Même si elle n'est pas ' officiellement ' à l'ordre du jour, le sujet devrait être à nouveau d'actualité dès l'automne. En bonne tacticienne, la France aura intérêt à lier les adaptations souhaitées pour sa viticulture au blanchiment des plantations illicites chez nos voisins européens...

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