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L'agrément doit jouer son rôle de filtre

La vigne - n°157 - septembre 2004 - page 0

Les vignobles innovent : ils lient le PLC (plafond limite de classement) à des critères de qualité, délivrent un agrément plus tardif ou pour une durée limitée, et contrôlent les dégustateurs.

La révolution est silencieuse. Il y a deux ans, la réforme de l'agrément était lancée à grands renforts de discours médiatiques. Aujourd'hui, après les mots, c'est l'heure des actions. Discrètes, elles n'en sont pas moins innovantes. A Cahors, le syndicat souhaite subordonner la revendication du PLC (20 % du rendement annuel) à deux conditions : ne pas chaptaliser, et obtenir un degré moyen, sur la production en AOC de l'exploitation, supérieur ou égal à 12°.
Cette mesure vise à encourager les bons raisonnements : revendiquer l'AOC sur les parcelles qualitatives, préférer la production en vins de table ou de pays sur celles qui ' ne sont pas à niveau '.
Lier le PLC à la qualité est une idée reprise dans les Côtes du Rhône : pour prétendre à 6 hl/ha de plus que les rendements accordés pour 2004, les unités de vinification se sont prêtées à une vérification qualitative de leurs stocks.
D'autres régions ont décidé de déplacer l'agrément vers la commercialisation. C'est le cas du Beaujolais. ' Pour déclencher la procédure, il faudra justifier d'un contrat d'achat, explique Gislain de Longevialle, président de l'Union viticole. On espère ainsi éviter la mise en marché de vins stockés trop longtemps et dans de mauvaises conditions . '

Même réflexion de la part de Marcel Giraudon, président des AOC régionales de Bourgogne : ' Au lieu d'agréer les vins en décembre ou janvier, il faudrait déplacer la procédure en avril ou mai. On pourrait ainsi contrôler la qualité de l'élevage . ' Ce responsable professionnel compte défendre cette option auprès de ces mandants d'ici au prochain comité de l'Inao.
Dans le Médoc, l'objectif est aussi d'agréer le lot commercialisé. Pour cela, il a fallu coller à la réalité des transactions et prévoir trois méthodes différentes de contrôle. Le vigneron aura le choix : soit de solliciter l'agrément pour un lot qu'il livrera en vrac, soit pour un lot qu'il compte mettre en bouteilles. Troisième possibilité : présenter une demande pour sa production s'il l'estime prête à être commercialisée. Dans ce dernier cas, il sera soumis à un prélèvement de 25 % des cuves, tirées au sort à partir de son plan de cave.
Un autre nouveauté : la caducité de l'agrément. Cette décision a été prise pour les syndicats de Fronton, de Corbières, celui des vins doux naturels de Rivesaltes et du muscat-de-rivesaltes. Dans toutes ces appellations, le certificat sera désormais délivré pour deux campagnes. La dernière action digne d'attention est celle qui s'attaque à la justesse de l'agrément. Son objectif est de rendre l'examen organoleptique le moins aléatoire possible : le contrôle doit séparer le bon grain de l'ivraie... Le bon dégustateur est donc celui qui reconnaît les bons vins des mauvais.

Le Syndicat des Côtes du Rhône va assurer, pour la deuxième année, un suivi des participants à la dégustation d'agrément. ' On reprend leurs notations, on les compare à celles délivrées par des oenologues confirmés et on fait le point ', explique Francis Fabre. Une analyse intéressante, car elle montre que tous les cas de figure existent : il y a ceux qui n'ajournent jamais, ceux qui se trompent en recalant des ' bons ' et en acceptant des ' loups '... Ce suivi a permis de resserrer le corps des dégustateurs sur les participants les plus ' justes '. Le Beaujolais envisage de suivre cet exemple.

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