Le soleil de septembre et les nuits fraîches ont permis l'accu- mulation de sucre, tout en conservant de bons niveaux d'acidité. Les couleurs sont intenses.
'Nous n'aurons pas les richesses en sucre de 2003, mais nous ne nous en plaignons pas ', se réjouit Stéphane Gresser, du laboratoire du même nom en Alsace. Dans cette région, la météo des trois dernières semaines de septembre a favorisé le potentiel aromatique des raisins. La Champagne rentre des degrés élevés (10 % vol. en moyenne) malgré la charge des vignes. ' Le calcul de la quantité de sucre produite à l'hectare risque d'être étonnant, déclare Dominique Moncomble, à l'interprofession champenoise. La vigne avait certainement fait une bonne mise en réserve en 2003 pour atteindre de tels niveaux. '
Le Muscadet se félicite d'un meilleur équilibre qu'en 2003 : les degrés vont de 11 à 12,5 % vol. pour des pH de 3,3 à 3,4. ' Seuls les premiers raisins ont dû être chaptalisés, affirme Christophe Marchais, du laboratoire Val-Oeno. Rien n'est rentré à moins de 10,5 ou 11 % vol. de degré potentiel. '
Dans le Midi, la lente maturation des raisins, avec des amplitudes thermiques importantes entre le jour et la nuit, a permis de développer les arômes et les polyphénols sans accumuler trop de sucre. ' Les sauvignons sont assez atypiques cette année, avec des arômes moins exotiques, plus sur le buis, comme dans les vignobles septentrionaux ', relève Matthieu Dubernet, dans l'Aude. Les acidités sont légèrement plus élevées que l'an dernier : les syrahs languedociennes affichent des acidités totales de 3,5 à 3,6 g / l contre 3 à 3,1 g / l l'an dernier ; les carignans tournent à 3,9 voire 4 g / l contre 3,5 g / l en 2003. ' Cette acidité est surtout due à une richesse en acide malique , explique Jacques Rousseau de l'Institut coopératif du vin. Elle baissera avec la fermentation malolactique. Mais comme les pH sont bas, il vaut mieux ensemencer cette année . ' En vallée du Rhône aussi, les acidités sont particulièrement élevées. Dans le Vaucluse, malgré des chaleurs records en été, les syrahs sont rentrées à 5 g/l d'acidité totale.
Grâce à ces acidités et à une bonne extractibilité des anthocyanes, les couleurs sont belles : les rouges du Midi sont très intenses, les rosés de Provence bien vifs. A Gaillac aussi, les moûts sont très colorés, mais peu tanniques. ' Il n'y a pas de corrélation entre ce que l'on voit et ce que l'on dose , s'étonne Francine Calmels, au laboratoire départemental. Les vins contiennent peu d'anthocyanes, mais la couleur est prononcée . ' Dans le Bordelais, il est encore un peu tôt pour se prononcer. ' Les merlots, bien qu'un peu chargés, sont très jolis ', note Jean-Marie Jacob, au laboratoire de Saussac. Il conseille de travailler à la parcelle, et de pratiquer des saignées en cas de rendement trop élevé. Dans le Gers, les merlots ont donné de beaux vins, mais les cabernets ne mûrissent pas. ' Le stress hydrique en août a bloqué leur maturation ', souligne Jacques Vernhes, au laboratoire oenologique de Gascogne. Plus au nord, en Anjou, les couleurs réjouissent également les techniciens, même s'il faut attendre encore les cabernets.
A l'inverse, le Beaujolais a souffert de couleurs un peu faibles cette année. ' Il fallait recourir à toutes les méthodes d'extraction ', précise Pascal Hardy, du Comité de développement du Beaujolais.