ImprimerIndigo, inventé par l'Inra, mesure l'impact des pratiques agricoles sur l'environnement. Envilys le commercialise, remettant un diagnostic et des préconisations à ses clients.
Envilys est une société fondée par quatre jeunes ingénieurs de l'Ecole nationale supérieure d'agriculture de Montpellier (Ensam). Ils proposent de se rendre sur les exploitations pour évaluer l'impact de leurs pratiques sur l'environnement. Pour faire cette évaluation, ils prennent en compte de multiples paramètres. Sur leurs ordinateurs de poche, ils enregistrent les résultats des analyses de sol, informations qu'ils complètent par des observations sur le terrain : pente, proximité d'un point d'eau... Ils enregistrent les pratiques culturales, demandant à l'exploitant le détail de ses apports d'azote et de ses traitements.
Toutes ces données sont ensuite traitées par un logiciel appliquant la méthode Indigo. Au final, les ingénieurs d'Envilys établissent un diagnostic à l'échelle de l'exploitation et de chaque parcelle. Ils accordent une note de 1 à 10 aux apports de matières organiques, à ceux d'azote, aux traitements phytosanitaires, à la couverture du sol et à la consommation d'énergie, calculée d'après la consommation des engins agricoles. Les notes inférieures à 7 indiquent un risque pour l'environnement.
Envilys communique ses conclusions au vigneron sous forme d'un rapport illustré de graphiques, qui met en exergue les points forts et les points faibles de l'exploitation. On peut alors envisager de modifier certaines pratiques, afin de réduire les nuisances.
Richard Planas, directeur des domaines Gérard Bertrand, en Languedoc-Roussillon, teste la méthode Indigo depuis avril 2004 au château L'Hospitalet, à Narbonne (Aude). Pour lui, cette démarche s'inscrit dans le droit fil de ce vignoble de 25 ha, mené en conduite raisonnée depuis trois ans. ' Notre diagnostic global est bon à très bon, avec quelques points à corriger. Nous allons ainsi enherber certaines parcelles afin de limiter l'érosion, et réduire la migration des résidus phytosanitaires vers les eaux souterraines. Nous allons également améliorer le traitement de nos effluents de cave. Il nous est conseillé, par ailleurs, de modifier nos apports en matière organique, afin de diminuer les coûts. '
En effet, l'approche économique fait partie des préoccupations d'Envilys. ' Dans un contexte de crise, nous sommes conscients que notre prestation engendre une dépense supplémentaire. C'est pourquoi nous nous attachons à ce que l'investissement soit remboursé dès la première année ', déclare Alexandre Durand, l'un des fondateurs de la société. Discours commercial ou réalité ? Il est exact que le diagnostic peut préconiser une réduction des doses de produits phytosanitaires.
Pour Michel Fouchard, vigneron au domaine de Maguelone (littoral héraultais), il convient de prendre en compte la situation géographique du vignoble. ' Dans une zone comme la nôtre, la pression des maladies est trop forte pour adopter une telle stratégie sans risque. Indigo augmenterait donc nos coûts de production. Sur d'autres vignobles, une économie est envisageable. '
Cet exploitant, qui vend une partie de sa production au cours de l'été, voit dans Indigo un intérêt commercial : ' La clientèle touristique se montre sensible à cette démarche. ' Un avis partagé par Richard Planas. ' Nous avons intégré cet argument dans notre communication globale. C'est surtout quand nous négocions avec nos clients importants que l'évocation d'Indigo apporte indéniablement un plus. '
Les centres Inra de Colmar et de Nancy ont conçu cette méthode. Envilys l'a adaptée au vignoble méditerranéen et s'apprête à commercialiser ses diagnostics dans le sud de la France. Mais elle envisage d'étendre rapidement son activité à tout l'Hexagone. En 2004, la méthode a été testée uniquement avec quelques vignerons partenaires. Elle sera disponible à partir du mois de novembre. Pour une exploitation de 25 ha, un diagnostic sera facturé 1 000 euros, auxquels il conviendra d'ajouter 15 euros par diagnostic supplémentaire.
