Le château d'Espérite a lancé cette année un rouge, un blanc et un rosé, de 10 à 11 ° haut de gamme. Pour cela, il a adapté la conduite de la vigne et la vinification.
'Lorsqu'un jeune vient d'avoir son permis, on ne lui met pas une Formule 1 entre les mains. C'est pareil pour le vin . ' Et pourtant, actuellement, c'est là où le bât blesse. Comme l'explique Olivier Gibelin, ' avec les progrès techniques et les efforts qualitatifs, associés à la nouvelle donne climatologique, les vins ont des degrés de plus en plus élevés. C'est un anachronisme total. Vingt ans d'efforts ont abouti à une situation qui ne convient plus au marché '.
Pour ' accrocher les jeunes au vin ', il a d'abord essayé de faire des vins sans alcool, mais ' en dehors de process technologiques lourds en investissement comme l'osmose inverse, il n'y avait pas de salut '. C'est alors qu'il a pensé à son grand-père qui faisait ' des vins de soif '. Pourquoi alors ne pas faire des vins de petits degrés, mais de forte expression ? Sa décision était prise. En 2003, Olivier Gibelin vinifiait ses premières cuvées ' Plume des Gibelin ', un vin peu alcoolisé avec des degrés compris entre 10 et 11. Il le décline en trois couleurs : blanc, rouge et rosé. Le rouge et le rosé sont des assemblages de grenache noir et de syrah. Le blanc est un assemblage de roussane, de grenache blanc et de sauvignon. Il en produit en tout 60 000 bouteilles.
Pour ce faire, il a réservé 6 ha de vigne, sur les 35 ha que compte l'exploitation, et a adapté leur conduite. ' Il faut trouver un équilibre entre une petite production et le moins de sucre possible . ' Il réalise une taille plutôt courte et fertilise en fonction des résultats d'analyses. Mais pour lui, l'important est d'ombrager les grappes. ' J'essaye d'avoir le plus grand parasol possible pour les raisins . ' Le palissage monte très haut : 1,80 m, et il laisse un maximum de végétation retomber. Surtout il n'effeuille pas. Vu l'importance du feuillage, il applique deux antibotrytis aux stades A et B avec un pulvérisateur face-face.
Il vise des rendements de 40 à 45 hl/ha, alors que sur les autres parcelles en appellation Costières de Nîmes, les rendements sont de l'ordre de 55 hl/ha. C'est pourquoi il fait de la vendange en vert ' à l'envers ', c'est-à-dire que ponctuellement, il va éliminer les grappes les plus mûres et laisser les grappillons. Au yeux de tout autre vigneron, cela peut paraître un horrible gâchis. Il s'en défend : ' C'est le seul moyen d'avoir un bon équilibre entre le degré et l'acidité . ' Il vendange à la machine précocement : quinze jours plus tôt que les autres parcelles. ' Si je vendangeais encore plus tôt, j'aurais trop d'acidité. ' Pour définir la date optimale, il contrôle la maturation. La vendange prend deux journées. Il récolte les raisins la nuit pour éviter l'oxydation. Pour la même raison, il les achemine dans des bennes bâchées inertées avec du gaz carbonique.
Pendant la vinification, il protège au maximum les raisins contre l'oxydation. Il inerte avec du gaz carbonique le pressoir et les cuves. Il apporte du SO 2 de manière très fractionnée : dans la benne, à la sortie du pressoir, à l'entrée de la cuve pour un total de 5 g/hl. Concernant le pressurage, pour les blancs, il utilise un pressoir pneumatique avec un programme séquentiel qu'il a mis au point. Pour les rouges, il ne réincorpore pas les presses.
Il réalise la fermentation alcoolique à une température de 14°C au lieu de 18 à 26°C pour les autres vins. Il levure systématiquement, mais la souche utilisée est la même que pour les vins en appellation Costières de Nîmes. Pour extraire plus d'arômes et de couleur, il applique des enzymes d'extraction à la dose de 2 g/hl à la densité de 1 020. La fermentation malolactique est l'un des points d'interrogation d'Olivier Gibelin. En 2003, il ne l'a pas effectuée sur les blancs et les rosés. Mais en 2004, il n'a pas encore pris de décision, mais il se pourrait qu'il la fasse. Pour stabiliser les vins, il fait un collage et choisit sa colle en fonction des tests. Il filtre les vins classiquement : deux fois sur plaques.
Pour ce qui est de la conservation, il ne fait rien de particulier. ' Je n'ai pas les moyens de bouleverser mes vinifications. '
Olivier Gibelin, du château d'Espérite et domaine de Pierrefeu, à Gallician (Gard)
35 ha dont 6 ha réservés pour la ' Plume des Gibelin '
Majorité de la production en appellation Costières de Nîmes
Production totale de 1 500 à 2 000 hl
70 % du chiffre d'affaires réalisés à l'exportation.