Peu de viticulteurs remisent leurs porteurs eux-mêmes. Ils font appel à leurs concessionnaires. Ces derniers proposent des prestations sur mesure, afin de satisfaire leurs exigences : hivernage chez eux ou chez les clients ; réparations totales ou partielles.
Chez les constructeurs de machines à vendanger, les garanties ne fonctionnent que si les conditions de remisage, mentionnées dans le guide d'utilisation et d'entretien, sont respectées. Pour cette raison, et pour limiter les pannes en cours de campagne, il est essentiel d'hiverner convenablement son porteur. Généralement, la machine à vendanger hiverne chez son propriétaire. Mais certains concessionnaires préfèrent l'avoir chez eux, pour y travailler quand ils le souhaitent.
C'est le cas de Lavail, concessionnaire à Montredon-des-Corbières (Aude). La Cuma de La Grappe occitane, basée à Quarante (Hérault), y possède un contrat de remisage. En fin de vendange, elle nettoie son porteur, puis l'amène à la concession. La machine y restera durant onze mois. ' Cela nous coûte 300 euros (2 000 F) par an ', explique Yvon Milhavet, président de la Cuma. Le démontage de la machine et le changement de pièces sont en plus. Le concessionnaire effectue un devis pour toutes les réparations à effectuer, qui est accepté ou non par la Cuma. Suivant les cas, le prix varie énormément. ' L'entretien coûte cher à partir de quatre ans d'utilisation ', analyse Yvon Milhavet.
La plupart des concessionnaires, à l'image de Diebolt-Haller, représentant New Holland dans le Bas-Rhin, proposent de remiser les vendangeuses sur les exploitations de leurs clients. Certains réalisent toute l'opération, d'autres n'interviennent qu'après le lavage et le démontage. Diebolt-Haller a opté pour la première alternative.
' Nous nous rendons chez le viticulteur, où nous déposons les norias et les secoueurs pour éviter de les déformer, et empêcher que les chaînes se grippent. Nous effectuons un nettoyage complet de la machine et un graissage des glissières. Puis, nous déposons les tapis. Nous procédons à une révision partielle (fuites d'huile, anomalies survenues au cours de la campagne), et prévoyons les pièces à changer (devis), décrit Jean-Claude Surman, chef d'atelier. Le viticulteur stocke ensuite sa machine tout l'hiver. Environ un mois avant les vendanges, nous relançons le client pour remonter la machine, vidanger les huiles hydrauliques et moteur, et changer les filtres. Nous remplaçons les pièces prévues et contrôlons la signalisation. Le remontage et la révision coûtent environ 2 800 euros pour une machine bien suivie, mais cela peut atteindre jusqu'à 8 000 euros. '
Par contre, la concession Lavail Motoculture, à Carcassonne (Aude), n'intervient qu'après le lavage de la machine et le démontage des parties mobiles.
' Nous envoyons un courrier demandant au viticulteur s'il veut ou non que nous remisions sa machine. Le client nous renvoie la fiche et nous nous rendons alors chez lui. Nous effectuons un devis sur la machine propre et démontée. Dans 70 % des cas, c'est nous qui réalisons toutes les réparations, car les viticulteurs ne veulent pas avoir de problèmes pendant les vendanges. Les 30 % restants effectuent les tâches qu'ils peuvent faire et nous laissent le reste ', explique Gérard de Bruyn, chef d'atelier de la concession.
Les réparations sont effectuées soit chez le viticulteur, soit à la concession, suivant l'étendue du travail et le souhait du client. En moyenne, la prestation complète coûte 1 000 à 3 000 euros (6 000 à 20 000 F), suivant l'âge de la machine et son nombre d'heures d'utilisation.
Le même procédé est proposé par le concessionnaire Pehu (Pellenc), dans le Maine-et-Loire. ' Nous faisons le tour de la machine. Nous demandons qu'elle soit déjà nettoyée et que les tapis, les écailles et les secoueurs soient démontés. Nous vérifions les roulements, l'usure des pièces en mouvement, les filtres et le jeu sur l'axe des roues. Nous réalisons les vidanges, si c'est le moment, et des graissages ', résume Matthieu Pehu. L'intervention se déroule la plupart du temps chez le client. ' 90 % des clients valident l'ensemble du devis. Sur les 10 % restants, 50 % nous laissent réaliser toutes les opérations qu'ils ont sélectionnées, et 50 % en réalisent une partie. 5 % de notre clientèle réalise tout elle-même : il s'agit souvent d'entrepreneurs. '
Emmanuel Colin, responsable machinisme de la Fédération départementale des Cuma de l'Hérault, nuance ces propos : ' Dans la région, de nombreux viticulteurs lavent et démontent leur machine eux-mêmes. Ils la remisent et l'amènent chez le concessionnaire un mois avant les vendanges pour une vidange complète, une vérification des pièces, et des réparations si nécessaire . ' Dans ce dernier cas, il s'agit plus d'une visite de pré-vendanges que d'un remisage.
Les concessionnaires proposent donc différents modes de remisage, afin de correspondre à la demande et au savoir-faire des viticulteurs. Grâce à cela, chacun trouve chaussure à son pied !