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Des sujets délicats

La vigne - n°159 - novembre 2004 - page 0

Il est temps d'aborder de front des sujets difficiles comme l'élimination des mauvais terroirs dans les AOC, les méfaits de la consommation excessive ou les insuffisances de l'agrément.

De l'audace, il en a fallu au Syndicat de Saint-Joseph (Drôme) pour sortir les mauvais terroirs de son aire d'appellation. Mais combien d'autres refusent d'aborder cette épineuse question ? De nombreuses études de terroir montrent que des sols de faible potentiel viticole sont classés en AOC. Elles ne provoquent aucune émotion. Jusqu'à quand ? Les consommateurs, de plus en plus regardants sur la qualité, ne tarderont pas à nous forcer à faire le tri. Déjà, plusieurs vignobles sont contraints de réduire leur surface sous la pression des marchés. Pris de court, ils essaient d'orienter l'arrachage vers les mauvais terroirs, alors que les propriétaires ciblent les zones constructibles. De l'audace, il en faudra aussi pour promouvoir la consommation responsable. Jusqu'à peu, il n'en était pas question. Les méfaits d'une consommation excessive étaient considérés comme l'affaire des médecins, de l'Etat, des alcooliques ou de leur famille. On se scandalisait à l'idée d'avoir à mettre en garde les conducteurs ou les femmes enceintes. Mais le vent tourne.

Les Vignerons indépendants de France ont choisi d'aborder la question dans leur caveau. Et toute la filière s'est engagée à participer à un conseil de la modération. Il n'est plus interdit de penser que si elle avait lutté depuis longtemps contre la consommation excessive, elle serait moins attaquée. Pour se défendre, il est temps de dégager des budgets. Les industries de la pharmacie, du sucre ou de la viande l'ont fait. Elles ont pu s'exprimer dans les médias qui les avaient pris en grippe. Le monde du vin ne s'en est pas encore donné les moyens. Les responsables syndicaux devront avoir le cran de le dire en ces temps de crise qui risquent d'emporter l'Afivin. Ils devront aussi avoir le cran d'expliquer que l'agrément est insuffisant, parce qu'il n'apporte pas les garanties attendues par les consommateurs. De nombreux chantiers sont en cours pour y remédier. Nous les présenterons dans notre prochain numéro. Dans ce dossier-là, nous en avons retenu un. Il ne concerne pas directement l'agrément, mais il est audacieux : les Interprofessions du Beaujolais et de Cahors ont décidé de ne pas attendre que les vins soient sur les linéaires pour les prélever en vue du suivi en aval de la qualité. De quoi suivre à la trace les défaillances de l'agrément.
Dernière chose : il faudra sortir le vin du positionnement étroit de boisson des repas festifs où nous l'avons placé !

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