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La certification, rassurante mais contraignante

La vigne - n°159 - novembre 2004 - page 0

Rien de mieux que la certification pour rassurer les étrangers sur la traçabilité et le respect de l'environnement. Mais l'investissement est lourd. Des caves qui ont opté pour Qualenvi ou Agriconfiance en témoignent.

Contrairement aux normes Iso qui s'appliquent à tous les secteurs d'activité, les certifications Agriconfiance et Qualenvi sont spécifiques à la filière agricole et vitivinicole.
La première, de la Confédération française de la coopération agricole, concerne les caves coopératives et leurs adhérents. Elle a pour but de garantir la sécurité, la satisfaction et la traçabilité des produits aux clients.
La seconde est une certification mise au point par les Vif (Vignerons indépendants de France), qui s'adresse à des viticulteurs vinifiant eux-mêmes. Elle garantit une traçabilité des produits, le respect de l'environnement et un service de qualité.
' La certification Agriconfiance nous permet d'être mieux organisés en amont , annonce Anne-Marie Andrieu, technicienne de la chambre d'agriculture de l'Aude, mise à la disposition de la cave coopérative Anne de Joyeuse, située à Limoux (Aude). Car nous devons, entre autres, établir des suivis de maturité ou des plannings d'apport. '

Floriane Azan, des domaines de Petit Roubié, à Pinet (Hérault), renchérit : ' Avec Qualenvi, nous avons mis en place des structures compartimentées : chaque personne de l'exploitation a un poste fixe. Elle est soit affectée à la partie viticole, soit à la vinification, soit à l'administration et au commercial. A chaque poste correspondent une fiche descriptive et un livret répertoriant les tâches à effectuer. Chacun sait ce qu'il doit faire. Cela allège le travail, d'autant plus que chacun consigne ce qu'il fait dans un cahier. Ainsi, nous ne refaisons pas deux fois de suite les mêmes choses . '
Pour Jean-Luc Balacey, président de la Chablisienne (Yonne), l'intérêt de la certification est de disposer d'un ' outil de management efficace ', même si la cave a décidé d'entrer dans une démarche de certification à la suite de la demande d'un client britannique (Marks & Spencer, à l'époque).
Mettre en place ce type de certification nécessite de gros investissements humains et financiers. ' Il nous a fallu deux ans de préparation avant d'obtenir la certification, témoigne Claudine Simorre, assistante Qualenvi du château Bellevue-la-Forêt, à Fronton (Haute-Garonne). Nous avons suivi des formations, avec de nombreuses aides financières. Heureusement, l'implication du personnel a été et reste très forte . '
' C'est lourd d'un point de vue administratif pour les adhérents , explique Anne-Marie Andrieu. Ils doivent acheter du matériel de protection individuel, vérifier les réglages des pulvérisateurs, avoir une traçabilité au niveau des traitements effectués... De même, la cave a dû investir : elle a embauché trois personnes à plein temps et une personne à mi-temps. Enfin, il a fallu construire un chai à part, conforme au cahier des charges, pour la vinification et le suivi des vins sous certification Agriconfiance . '
Floriane Azan poursuit : ' La certification a engendré des coûts de formation pour le personnel, et surtout des frais au niveau des infrastructures : nous avons fait bâtir, entre autres, un local phytosanitaire aux normes, et une aire de lavage avec récupération des eaux usées et des effluents. Tout cela a nécessité trois ans de préparation, car nous avons fait partie de ceux qui ont créé le référentiel . '
Par contre, l'Union des producteurs de Saint-Emilion (Gironde) a ' juste modernisé les structures existantes, explique Bertrand Bourdil, directeur technique et qualité de la cave. Mais nous avons mis en place des formations pour les adhérents. Ces derniers doivent faire un suivi de toutes les opérations qu'ils réalisent sur leurs vignes '. Là, la mise en place de la certification a mis un an et demi.

Ces investissements ne sont pas répercutés sur le prix de vente de vin : ' C'est impossible d'augmenter les prix dans le contexte actuel du marché, mais cela permet de fidéliser ou de récupérer des clients étrangers (japonais, anglais...), pour lesquels la traçabilité est primordiale. A l'avenir, cela aidera sûrement à travailler avec les grandes surfaces ', explique Floriane Azan. ' C'est pris en charge dans les frais de fonctionnement de l'exploitation , ajoute Claudine Simorre. Nous n'avons pas augmenté le prix final . '
Même constat à Saint-Emilion : ni le produit final, ni les raisins ne sont payés plus chers à cause d'Agriconfiance : ' Les adhérents sont rémunérés à la qualité. S'ils respectent la charte, ils obtiennent une bonne qualité et sont bien rémunérés. Mais être Agriconfiance ne leur garantit pas d'être mieux payés. De même, nous ne vendons pas notre vin plus cher parce qu'il est certifié ', résume Eric Delhomelle, responsable qualité de la cave.

Mais Bertrand Bourdil trouve que ' la traçabilité est un élément déterminant pour la grande distribution. C'est un gage de sérieux qui rassure '. Pour Anne-Marie Andrieu, cela permet de fidéliser des gros clients, de viabiliser les partenariats.
En amont, la certification crée des liens plus solides avec les adhérents. Jean-Luc Balacey conclut que ' la certification Agriconfiance est inutile directement : on ne vend pas plus cher, et les clients au caveau ne sont pas intéressés. Par contre, cela permet de conserver certains acheteurs, voire d'en gagner de nouveaux '.


PLUS
Une meilleure organisation du travail, un moyen de rassurer les clients, particulièrement les étrangers.
MOINS
Une démarche lourde, qui suscite peu d'intérêt de la part des consommateurs.

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