'Le Collectif des viticulteurs est né en mai 2004 de manière informelle. En discutant avec un collègue dans les vignes, nous nous sommes dit qu'il fallait faire quelque chose pour sortir de la crise. Nous avons donc organisé une réunion pour voir ce que les vignerons proposaient. Cent exploitants sont venus dès la première réunion, et le Collectif compte maintenant environ cinq cents adhérents. Le Collectif n'est affilié à aucun syndicat, ni parti politique. Cette liberté fait notre force. Si le Collectif a été créé, c'est parce que les vignerons ont le sentiment que personne ne les défend. Les syndicats d'appellation sont beaucoup trop absents et la FNSEA ne draine pas le monde escompté. Il y a longtemps que la crise s'est installée et, jusqu'au printemps, personne n'osait rien dire. Pourquoi les efforts doivent toujours porter uniquement sur la production ? N'y aurait-il pas aussi des efforts à réaliser dans les structures qui nous encadrent, dans le marketing et la publicité ? Seuls les politiques pourront apporter quelques pistes pour sortir de cette impasse, à commencer par redonner au vin la place culturelle qu'il mérite. En ce moment, je préférerais être viticulteur en Espagne... Dans le Collectif, tous les âges, toutes les structures et toutes les AOC bordelaises sont représentées. Il y a même des vignerons qui manquent de vins pour satisfaire leurs clients, qui sont là par solidarité et pour faire avancer les choses. Le gros des troupes est constitué de vignerons de 30-45 ans, qui exploitent des vignes en Bordeaux et Bordeaux supérieur. Ce ne sont pas les petites exploitations qui souffrent le plus, mais les structures moyennes qui ont investi et qui ont des difficultés à rembourser leurs emprunts. '