A Villedomange, au coeur du vignoble champenois, Romain Bousrez, joaillier, cisèle des bijoux sur le thème de la vigne et du vin.
A l'âge de 10 ans déjà, il était curieux de savoir comment on fabrique et on imagine des bijoux. ' J'ai toujours adoré les pierres, les minéraux ', explique-t-il. Fasciné par leur éclat, il s'est toujours demandé comment on pouvait les mettre en valeur, les monter. ' Car le but, finalement, c'est de les porter et d'en profiter ', continue-t-il.
A l'âge de 16 ans, il trouve un maître d'apprentissage à Reims. En 1990, il s'octroie une deuxième place au concours du meilleur apprenti joaillier de France. Un résultat qui l'encourage dans sa vocation. Sa passion, alliée à son ' petit côté bricoleur et minutieux ' fera le reste. En 1997, il créé son entreprise : L'or des sacres. Avec un tel nom, il ne pouvait pas s'installer ailleurs qu'à proximité de la cathédrale de Reims. En 2003, il quitte la ville des sacres pour le petit village de Villedomange, au coeur du vignoble champenois. Sa femme Anne, fille et soeur de vigneron (Champagne Charlier), en est originaire. Il aménage son atelier dans une pièce de sa maison.
Est-ce la vue plongeante sur les vignes qui l'inspire ? Pas certain, mais l'idée lui vient très vite de créer un pendentif en or, en forme de grappe, agrémenté de perles de culture blanches en guise de baies. Des feuilles de vigne suivront. Il les réalise d'abord en pendentifs, puis les pose sur des bagues, des broches ou des boucles d'oreilles.
Plus tard, il sertit, en guise de baies, des pierres de couleur : l'émeraude verte, le rubis rouge, le saphir bleu et l'améthyste violette ' qui rappelle bien la couleur du raisin '. Il travaille à façon et sur demande, parfois d'après des photographies.
Il aime créer des bijoux qui sortent de l'ordinaire et qui ' ne se voient pas dans toutes les vitrines. Ce n'est pas de la grande série . Il y a un côté original, qui est d'autant plus important qu'un bijou s'acquiert pour longtemps '. Toujours est-il que ' la petite collection sur le thème de la vigne plaît bien '.
Romain Bousrez crée directement ses modèles dans des plaques d'or à 18 carats ou d'argent, les seuls métaux qu'il emploie. D'abord, il dessine un petit croquis indicatif, rien de définitif, avec une pointe à tracer. Puis, il découpe la forme choisie avec une scie très fine. Il utilise ensuite une bouterolle (tige à emboutir) pour cintrer le métal, le mettre en forme, donner des lignes harmonieuses à la trame du bijou.
Lorsqu'il réalise une grappe en pendentif, il finit par souder les différents éléments (de 2 à 4 en général) et la bélière, l'anneau dans lequel on passe la chaîne. A partir de ce premier modèle, l'original, il fabrique des moules selon le procédé de la fonte à cire perdue. Au final, l'or fondu est injecté sous pression dans le moule. Brut, granuleux, il est ensuite poli avec du papier émeri, puis du coton. ' C'est le meilleur moment, car c'est là que le bijou commence à briller ', affirme Romain. Enfin, il ajoute les baies sur la grappe, collant les perles, sertissant les pierres.
Romain Bousrez est extrêmement fier de montrer un bouchon de champagne, l'une de ses dernières créations. Il a réalisé un muselet en fils d'or de 4/10 e de millimètre de diamètre torsadés un à un.
Ses oeuvres valent entre 150 euros et 550 euros pour un pendentif grappe 400 euros pour le bouchon ou une bague avec perle.
A 33 ans, le joaillier n'aime pas se limiter à une seule chose. Il aspire à travailler ' un peu dans l'inconnu '. Mais il réfléchit déjà à ses prochaines créations. Il prépare un collier avec un cep de vigne portant une grappe. L'or des sacres célèbre le sacre de l'or.