Dans quelques situations anecdotiques, des attaques parasitaires ou des rendements excédentaires ont gêné l'aoûtement et la mise en réserve. Ailleurs, les vignes ont profité de la belle arrière-saison.
Novembre a été relativement calme. Les feuilles sont restées longtemps sur les ceps, favorisant la mise en réserve. Seules quelques parcelles, notamment en Côte-d'or et en Ardèche, ont subi des défoliations précoces, du fait d'attaques tardives de mildiou. En Alsace, l'aoûtement a été plus problématique. Dans des parcelles très chargées, vendangées tardivement, les extrémités de sarments, voire des sarments entiers ont mal aoûté.
Dans l'Entre-deux-Mers, les vignes les plus vigoureuses avaient du mal à aoûter et la mise en réserve se faisait difficilement. Par contre, les vignes bien menées ne rencontraient aucun problème particulier. Dans le Muscadet, les vignerons ont eu l'impression que dans des parcelles traitées au Sierra, l'aoûtement a été bloqué en tête de végétation. La chambre d'agriculture va faire une enquête et prélever des bois, pour voir s'il y a des différences au niveau des quantités d'amidon par rapport aux autres vignes. Mais, selon Bayer CropScience, ce phénomène semble peu probable. La firme estime que les problèmes d'aoûtement seraient plutôt liés aux conditions climatiques de 2004.
Dans le Jura, l'aoûtement a été incomplet dans les parcelles atteintes de bois noir, une maladie qui s'est particulièrement exprimée cette année, surtout sur les chardonnays. Dans le Diois, c'est la brunissure qui a engendré des défauts d'aoûtement sur certaines parcelles. Cette maladie physiologique ' d'épuisement ' est due à une trop forte charge. Elle se manifeste pendant la maturation lors des étés ensoleillés. Comme les sucres issus de la photosynthèse ne suffisent plus à alimenter les baies, la vigne déstocke les réserves d'amidon des parties végétatives. Dans les autres vignobles, tout s'est bien passé.
Les vignerons ne se sont pas précipités dans les vignes pour tailler. La plupart ont attendu les premières gelées et la chute des feuilles pour commencer. Et fin novembre les chantiers démarraient doucement. Les vignerons en ont profité pour faire d'autres travaux, notamment la prophylaxie contre les maladies du bois. Ils ont arraché les pieds atteints d'esca et de black dead arm qu'ils avaient préalablement repérés. En Alsace, ils ont coupé et tiré les fils synthétiques utilisés pour le palissage mécanique, en vue de leur collecte. En Champagne, ils ont préparé les terrains pour les plantations du printemps prochain. Ils ont fait pas mal de prélèvements de terre pour raisonner la fertilisation. ' Cela commence à devenir un réflexe ', estime Isabelle Thévenet, responsable du réseau Magister. A Gaillac, ils se sont occupés des chantiers de palissage dans les plantiers, ainsi que du remplacement des manquants. ' Les chantiers de remplacement commencent à rentrer dans les calendriers de travaux dans les vignes ', constate Olivier Yobregat, de la Sicarex du Sud-Ouest.