Depuis leur installation, Geneviève et Claude Blain travaillent avec le négoce. Ils se sont agrandis, ils ont modernisé leur chai pour répondre à ses exigences. Ils ont ainsi pu nouer des accords de partenariat dont ils sont satisfaits.
Pour séduire les négociants, Claude et Geneviève Blain ont opté pour une stratégie de bon sens : ils proposent des volumes intéressants de vins irréprochables. ' On est dans la même barque qu'eux. Si on fait un bon produit, ils le vendent ', voilà le credo de ce couple, installé à Bouillé-Loretz dans les Deux-Sèvres.
Depuis leur installation en 1982, Claude et Geneviève Blain vendent au négoce. Ils cultivent 37 ha et produisent environ 2 300 hl par an de rosés et de cabernets d'Anjou, des vins de base pour le saumur mousseux et d'Anjou rouge. ' Face aux négociants, il faut faire le poids et avoir un outil de production crédible ' , explique Claude.
' On n'a pas droit à l'erreur, complète sa femme. De plus en plus, les négociants viennent visiter le chai, voir nos méthodes de travail. ' Le couple travaille en partenariat, souvent tacite, avec des maisons qui ont un cahier des charges. Claude et Geneviève Blain se sont donné les moyens de s'adapter à ces changements.
Une fois la décision prise, en 1990, d'abandonner les céréales et de se consacrer uniquement à la vigne, ils se mettent à travailler avec un oenologue conseil. Ils se rendent régulièrement au Vinitech et au Sival. Ils s'agrandissent pour atteindre 37 ha en 2002. En 1997, pour rester dans la course, ils investissent 92 000 euros. Ils réhabilitent l'ancien chai, rénovent les cuves en béton existantes, construisent un nouveau bâtiment pour la réception de la vendange et la vinification, et s'équipent de matériel neuf : un conquet, des cuves en Inox et un pressoir pneumatique Europress de 40 hl. ' La qualité des jus est bien meilleure ', affirme Claude. La petite récolte de 2003 l'incite à s'équiper d'un filtre à bourbes, ' qui permet de récupérer 90 % des bourbes. Je ne peux pas me permettre de récolter 40 hl/ha, je dois impérativement rentrer le rendement '. Pour une meilleure maîtrise des vinifications, il supprime ses deux tanks à lait qu'il avait reconvertis. ' Pas assez performants. ' Il abandonne ce système bricolé contre une centrale Carrier pour 23 000 euros.
' La qualité finit toujours par payer ', affirme le couple. Ils commercialisent leurs vins à six négociants. Depuis 1999, ils ont un contrat avec les Vendangeoirs du Val de Loire, renouvelable tous les trois ans, pour la livraison de 200 hl de moûts de rosés d'Anjou sulfités, enzymés et filtrés. Pour le millésime 2004, ils vont toucher 84,79 euros HT/hl avec un bonus qualitatif de 1,52 euros/hl. A Vinival, ils vendent des cabernets d'Anjou ' filtrés terminés '. Ce négociant embouteille aussi 300 à 350 hl de vins à la propriété pour les vendre sous le nom de Domaine de la Maurinière. Il paie le prix du marché, plus 0,08 euros/l pour utiliser ce nom appartenant aux Blain.
Depuis 2003, l'exploitation a arrêté de produire de l'anjou blanc, ' pas assez rentable. Le vin de base du saumur mousseux est ce qui rémunère le mieux le blanc chez nous ', explique Claude. Depuis cinq ans, un partenariat tacite et une relation de confiance se sont instaurés avec la maison La veuve Amiot qui achète ' un certain volume '. Son oenologue supervise les vinifications et conseille le domaine. Claude note toutes ses interventions. Ce débouché est une sécurité. ' Mais on a toujours cette épée de Damoclès sur la tête, de faire une bêtise ou des vins qui ne plaisent pas, souligne Claude. Ce que l'on fait est dangereux. On n'a jamais de garanties, contrairement aux viticulteurs qui ont une clientèle particulière fidèle. '
Sans compter les risques d'impayés. Le couple en a fait les frais avec la faillite des caves Saint Florent. Le responsable, ' un beau parleur ', très persuasif. Il achetait les vins 4,5 centimes plus chers au litre que les concurrents. En 2002, Claude lui a fourni 400 hl de cabernet. ' Finalement, 20 000 euros n'ont jamais été réglés, mais on ne s'en est pas trop mal sortis. ' Chat échaudé craint l'eau froide. Depuis cette expérience, ils envisagent de s'assurer contre les impayés. Mais ils restent satisfaits de travailler avec le négoce.
A 47 ans, Claude et Geneviève réfléchissent à l'installation de leur fils Guillaume, 17 ans. Pour eux, la vente directe n'a jamais été un objectif. ' Ce n'est pas notre truc . Nous aimons la tranquillité et la qualité de vie. D'ailleurs, l'exploitation est à 1,5 km de la maison. ' Si Guillaume les rejoint, ' il faudra aller de l'avant et viser les 50 ha pour être rentable, sauf s'il préfère développer la vente directe ', commente Claude. En 2005, le domaine commercialisera directement des bibs de 10 l. ' En terme de manutention, c'est très bien, affirme Claude. Je loue la machine une journée et j'en conditionne environ 400. C'est peut-être l'avenir, sans basculer totalement dans la vente directe. '
L'EXPLOITATION EN DATES
1982 reprise de l'exploitation (18 ha de vigne)
1990 abandon de 55 ha de céréales
1997 rénovation du chai et achat du pressoir
1999 contrat avec les Vendangeoirs du Val de Loire
2002 le domaine atteint 37 ha
2004 système de refroidissement