La disparition de la terbuthylazine, la réduction des doses de glyphosate et l'encadrement des mélanges compliquent la gestion du désherbage chimique. Principal souci des distributeurs : trouver des solutions technico-économiques adaptées à chaque vigneron.
Avec la nouvelle donne réglementaire, l'élaboration des programmes de désherbage est devenue une tâche difficile. 2003 est l'année de la disparition de la simazine, du norflurazon et du diuron seul. Ce dernier n'est plus autorisé qu'en association et à 1 500 g/ha. Nouveau bouleversement : l'interdiction de la terbuthylazine depuis cette année. Elle signe la fin d'une ère : celle du désherbage bon marché, passe-partout et simple d'utilisation.
Avec une palette d'herbicides de prélevée fortement réduite, de nombreux vignerons ont opté pour des produits foliaires. Mais là encore, la réglementation est venue compliquer les choses. Le 8 octobre 2004, le ministère de l'Agriculture publiait, au Journal officiel, un avis limitant l'utilisation du glyphosate. En viticulture, les doses homologuées sont désormais de 1 440 g/ha de matière active pour les graminées annuelles, 2 160 g/ha pour les dicotylédones annuelles et bisannuelles, et 2 880 g/ha pour les vivaces, uniquement sur les taches. En tout état de cause, le vigneron ne pourra pas dépasser 2 200 g de matière active par hectare et par an. Ainsi, s'il vise les dicotylédones à pleine dose, il ne pourra traiter qu'une seule fois, en plein. Par contre, s'il ne traite que sous le rang (soit 33 % de la surface), il pourra traiter au maximum trois fois dans l'année. Le ministère de l'Agriculture va plus loin en recommandant l'utilisation de buses et d'adjuvants antidérives.
Autre point épineux : l'encadrement des mélanges. L'évaluation des mélanges d'herbicides fait partie des priorités du ministère de l'Agriculture pour 2005. Mais en attendant, pour la campagne à venir, aucune liste d'herbicides n'est autorisée. Or, les vignerons associent souvent un produit foliaire à un racinaire. Vont-ils devoir faire plusieurs passages ? La Protection des végétaux est consciente du problème : techniquement et agronomiquement, les vignerons sont obligés de mélanger certains herbicides. Pour elle, ces mélanges sont envisageables, mais restent sous la responsabilité du vigneron. Cependant, elle recommande de ne pas mélanger plus de trois produits, même deux serait mieux. Elle déconseille le mélange de deux R 43 ou de deux R 40 (voir p. 44-45). Elle demande que les produits classés T ou T + soient appliqués seuls.
Toutes ces réglementations rendent l'évolution des pratiques inéluctable. Désormais, il n'y a plus de schéma type. Le désherbage chimique se raisonne dans une approche globale d'entretien des sols. Bien souvent, il traduit par une diversité des techniques au sein d'une même exploitation, avec une alternance dans le temps. Le désherbage sous le rang va encore se développer, de même que l'ENM (enherbement naturel maîtrisé), l'enherbement semé et le travail du sol. Les applications uniques de prélevée risquent de céder le pas au profit de programmes séquentiels, fractionnés ou mixtes. La présence des distributeurs sur le terrain est fondamentale. Ils doivent trouver des solutions technico-économiques adaptées à chaque vigneron. Ce qui n'est pas une mince affaire en cette période de crise.