Le désherbage mixte permet de réduire les doses de prélevée dans le cadre d'applications plus tardives. Il demande beaucoup de savoir-faire et d'expérience. Il est réservé aux vignes hautes.
Le désherbage mixte se conçoit selon deux approches. Celle qui nous intéresse consiste à appliquer un foliaire en sortie d'hiver, puis un herbicide de prélevée à dose réduite, associé à un foliaire en mai-juin. Par rapport à l'ENM (enherbement naturel maîtrisé), cette technique évite une troisième application. Elle permet de diminuer les doses de prélevée de 25 à 30 %, et de mieux contrôler la flore estivale.
Depuis 2002, le Columa (Comité de lutte contre les mauvaises herbes) étudie l'intérêt du Katana (flazasulfuron), du Pledge (flumioxazine) et du Surflan (oryzalin) dans le cadre de cette stratégie. Il a expérimenté le Katana à 25 g et à 37,5 g/ha de matière active et le Surflan à 1 920 g et 2 880 g/ha, soit des réductions de doses de 50 et 25 %. Il a testé le Pledge à 300 et 400 g, soit des réductions de 50 et 33 %. Il a comparé ces produits à l'ENM et à deux produits à base de diuron à 1 200 g/ha : Amok (diuron + glyphosate) et Amigo (diuron + aminotriazole), eux aussi appliqués en mai-juin. Sur une flore composée surtout de digitaires sanguines et d'amarantes réfléchies, les herbicides à base de diuron ont été insuffisants, notamment sur digitaires. Ils n'ont pas eu exactement le même comportement. Amok a eu des résultats plus homogènes qu'Amigo. De son côté, Surflan a donné des résultats irréguliers. L'effet dose a été très marqué sur les digitaires. Pour le Columa, 2 880 g/ha de matière active est à peine acceptable. Surflan peut être retenu à cette dose, si la pression floristique est faible.
Katana a donné de bons résultats ; toutefois, à 25 g/ha, il peut décrocher sur amarantes. Le Pledge a donné satisfaction quelle que soit la dose. Mais son usage dans le cadre du désherbage mixte reste en phase de test. Compte tenu des risques de phytotoxicité, Philagro souhaite le développer prudemment.
Le mixte s'intègre parfaitement dans l'alternance des stratégies. Il peut succéder à une ou plusieurs années d'ENM. Ce mode de désherbage pourrait se développer dans les vignes hautes ou mi-hautes avec des troncs d'au moins 40 cm, notamment dans le Sud et le Sud-Ouest. Il peut s'appliquer en plein ou sur le rang. Il reste délicat à mettre en oeuvre. La vigne doit être bien entretenue. Il faut intervenir au bon moment, c'est-à-dire au stade début tallage des graminées, et pas au-delà. Or, cela coïncide souvent avec la période du relevage. Il faut être équipé de caches ou de rampes capotées. ' Cette technique est intéressante pour les vignerons qui ont une grande technicité, qui ont déjà pratiqué l'ENM et qui font du désherbage sous le rang. Il faut bien sélectionné son produit foliaire en fonction de la flore présente et à venir ', considère Joël Carsoulle, du Comité de développement du Beaujolais.