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Quitte à devoir plier, autant en tirer parti sur le plan marketing

La vigne - n°163 - mars 2005 - page 0

Faute de véritable alternative, l'obligation de mentionner les sulfites pousse les plus récalcitrants à opter pour la contre-étiquette.

'Pour l'instant, la contre-étiquette, c'est moi ! ' Annabelle Chesseron a le sens de la formule. En cours d'installation sur le domaine familial, à Chaveignes (Indre-et-Loire), cette jeune femme a profité d'une formation en marketing, organisée par son syndicat, pour revoir intégralement ses étiquettes. C'était pour le millésime 2003 et elle n'a pas prévu alors de contre-étiquette. ' Je n'en voyais pas l'utilité. Je fais l'intégralité de mes ventes en direct, à la cave. Autant dire que je rencontre tous mes acheteurs. Je leur parle du domaine, de son histoire, de notre façon de travailler... Bref, l'information, ils l'ont . ' Pourtant, comme beaucoup de ses collègues, elle reconnaît qu'avec la mention des sulfites, obligatoire à compter du 25 novembre, elle va ' très certainement ' passer à la contre-étiquette. Il s'agit d'une décision par défaut car, comme elle le précise : ' Je ne me vois pas mettre cette mention sur l'étiquette principale ! '
Quitte à devoir plier, Annabelle compte bien utiliser la contre-étiquette comme un véritable outil marketing. ' Je me dis que ce sera utile pour la restauration où nous espérons nous développer. Ce sera l'occasion de faire découvrir le domaine à des personnes qui ne sont pas encore venus chez nous . ' Côté financier, l'investissement devrait être limité, car l'étiqueteuse acquise, il y a un an, comporte déjà un poste de contre-étiquetage. ' Aujourd'hui, mon véritable problème, c'est surtout de savoir quels types de messages je vais faire passer sur cette contre-étiquette ', indique-t-elle. ' Au domaine, je peux expliquer ce qu'est le SO2, à quelle dose nous l'utilisons. Reste à savoir si ce genre de précision est utile sur une contre-étiquette. '

' Il est fort probable que nous passions à la contre-étiquette à cause de la mention des sulfites. Si ce n'est pas pour le millésime 2005, ce sera pour le 2006 . ' Rupert Birch, propriétaire du domaine de La Brillane, situé dans les Bouches-du-Rhône, voit mal comment il pourrait inscrire sur l'étiquette principale ' un message aussi peu commercial '. Jusqu'à présent, ce producteur d'origine anglaise avait su appliquer avec astuce les arcanes de la réglementation française, avec une seule étiquette et beaucoup de style (voir ci-contre). L'habillage de ses bouteilles a d'ailleurs été primé aux Trophées Cépia 2004, le 15 juin dernier.
Ce concours, lancé pour la première fois par la Fédération régionale des vignerons indépendants de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, récompense les acteurs de la filière qui ont une communication originale.
Si, jusqu'à présent, Rupert Birch ne voyait pas l'intérêt d'investir dans une contre-étiquette, sa conviction s'est émoussée avec l'obligation de la mention des sulfites. ' Cela va devenir un passage obligé ', estime-t-il. Lui aussi, compte bien ' positiver ' cet investissement en véritable démarche marketing. Son principal souci tient aussi au contenu de sa future contre-étiquette : ' Nous avons plusieurs types de cuvées et essentiellement des marchés à l'export. Nous réfléchissons au meilleur moyen de limiter le nombre de contre-étiquettes ', poursuit-t-il.

Ceux qui refusent de se ' convertir à la contre-étiquette ', le font souvent pour des raisons conjoncturelles. ' Certains de mes clients vont mettre la mention des sulfites en petit et en vertical sur l'étiquette principale. Ils sont d'accord pour reconnaître qu'au final, cette option n'est pas esthétique - cela fait trop chargé - mais pour des raisons financières, ils préfèrent agir ainsi. Ils espèrent des lendemains meilleurs où ils pourront passer à la contre-étiquette ', reconnaît un imprimeur de Bordeaux.
Conscient du coût engendré par le passage à la contre-étiquette et du peu d'alternatives possibles, Alain Courbière, directeur commercial du groupe Autajon, envisage de créer un sticker ' sanitaire ' : ' Il s'agirait d'une contre-étiquette où n'apparaîtraient que la mention des sulfites et le message à destination des femmes enceintes. Elle pourrait être tirée en grosses quantités, et donc à moindre coût pour les vignerons. On pourrait même prévoir un petit texte qui explique ce que sont les sulfites . ' Pour l'instant, le groupe Autajon, entreprise partenaire des Vignerons indépendants de France, attend des précisions réglementaires, notamment sur l'avertissement à l'égard des femmes enceintes, pour concrétiser cette bonne idée. Le projet pourrait aboutir pour la rentrée prochaine. Pas de doute, il y a des idées dans la filière viticole.
Certaines sont même très originales comme le montre celle des frères Margnat, cogérants du château La Borie, à Suze-la-Rousse (Drôme). Ces deux vignerons indépendants résistent encore et toujours à la contre-étiquette !
En revanche, ils ont décidé de jouer le jeu de l'information du consommateur jusqu'au bout. Le résultat ne manque pas d'intérêt, ni d'humour. Ils ont créé la Black Diamond (voir les pictogrammes ci-contre). Pour eux, la mention des sulfites ne posera aucun problème... Elle viendra juste s'ajouter aux autres !

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